Laure M. Libraire

Fatima Daas, elle est « la mazoziya, la petite dernière » d’une famille musulmane. Elle est l’auteure de ce premier roman. Ainsi, elle esquisse un autoportrait muni d’une prose vive, chahutée, délicieusement moderne. Fatima Daas est le sujet même de ce long poème qui est le lieu d’une inquiétude et d’une interrogation : croyante et lesbienne, comment joindre ce qui semble inconciliable aux yeux d’une culture, d’une religion ? Par sa plume, l’auteure se dévoile, contourne un tabou, expose un fait aussi difficile soit-il. Car il est emprunt de culpabilité mais aussi d’affirmation : Fatima Daas est homosexuelle et croyante. Chaque chapitre débute par la même phrase « je m’appelle Fatima Daas ». Phrase incessamment reprise, telle une incantation, et qui ne fait qu’affirmer l’existence de cet être touchant et sincère. Sincère dans sa relation à Dieu – elle nous décrit des rituels et prières, beaux, presque apaisants. Sincère dans l’amour qu’elle porte à une femme. Et sincère dans celui qu’elle exprime en silence auprès des siens. L’amour, un sentiment très présent dans ce roman. L’auteure le questionne par fragment. Universel, il n’a pas seulement besoin de culture, ni de religion pour exister et nous interpeller, nous lecteurs.

Alex-Mot-à-Mots
identité

Elle s’appelle Fatima Daas, elle est née en France, mais ses parents sont algériens musulmans.

Elle s’appelle Fatima Daas, elle est asthmatique et la petite dernière de la famille.

Elle s’appelle Fatima Daas et elle aime écrire. Elle aime aussi les filles.

Nous suivons Fatima Daas qui, au fil de courts chapitres, se dévoile un peu, par petites touches : son enfance, les relations avec ses parents, ses études, les voyages en famille en Algérie, les conseils cherchés auprès des imams et des femmes de la mosquée.

A chaque début de chapitre, elle répète son nom, une ou plusieurs de ses caractéristiques.

J’ai découvert une femme qui se cherche, qui part dans plusieurs directions, qui doute, qui ressent le poids de la tradition.

Une lecture intéressante du parcours d’une jeune femme qui ne sait comment vivre et affirmer son homosexualité.

L’image que je retiendrai :

Celle d’un de ses copain de collège qui lui dit qu’elle est un garçon, elle.

https://alexmotamots.fr/la-petite-derniere-fatima-daas/