Hélène-Lecturissime
Un roman plaisant qui nous emporte sur les traces d'un médecin de campagne au XIXème siècle.

Ce que j’ai aimé :

- La construction originale, en creux, le prologue trouvant écho en l’épilogue. L’échange épistolaire de la première partie suscite l’intérêt et permet de se lancer facilement dans la lecture. De plus, la fin est cohérente et relie l’ensemble.

- L’évocation de ces paysans et bourgeois du XIXème siècle : le docteur Le Cœur plonge dans leur intimité et nous offre des portraits très fins et vivants de ces hommes et ces femmes reflets d’une époque. Il aborde des sujets très variés les concernant : les mariages arrangés, la religion et les superstitions omniprésentes, les tromperies nombreuses et variées…

- Les réflexions des médecins : la confrontation entre la science –encore lapidaire- de ces hommes et la réalité qu’ils rencontrent est l’objet de réflexions qui ont finalement un caractère universel. La science aura beau progresser, resteront des zones d’ombre inhérentes à la vie.

« Je me reproche de n’avoir pas vu la détresse de Pierre Daubois, j’espérais qu’il trouverait la ressource de surmonter son état. Mais il en est des conformations humaines comme des mystères de la Nature, les mêmes causes ne donnent pas toujours les mêmes effets. Il nous manque la science pleine des choses pour déchiffrer pourquoi elles surviennent. Nous sommes des aveugles qui n’éprouvons le monde que lorsqu’ils s’y cognent, tout le reste n’est que le fruit de notre imaginaire. » (p.227)

- Le personnage de Le Cœur, pris soudain dans des tourments érotiques qui lui permettent d’oublier un instant les duretés qu’ils côtoient.

- Le talent de conteur de l’auteur pour finir : pas un instant il n’ennuie le lecteur tant sa verve est communicative…


Ce que j’ai moins aimé :

- J’ai trouvé quelques longueurs dans le journal de Le Cœur (le roman fait quand même 458 pages…) Certains passages auraient mérités d’être allégés. Néanmoins, c’est une lecture agréable qui file.

Pdb

Il y a plus de trente ans, Jeanne Favret-Saada nous donnait à lire son travail ethnographique sous la forme d’un livre magnifique, « Les mots, la mort , les sorts ». Victor Cohen Hadria l’a-t-il lu, avant d’écrire ses « Trois saisons de la Rage »  ? Peut-être, mais en tout cas, à un siècle de distance (l’action se déroule durant le premier semestre 1859), il semble que les choses n’aient guère changé.