Nanagramme
Tokyo année zéro

David Peace ou comment traumatiser ses lecteurs

Angoissants et obsédants, les mots de David Peace servent une intrigue violente, parfois à la limite du supportable. Le personnage principal de ce roman, l’inspecteur Minami, est un ancien soldat visiblement marqué par ce dont il a été le témoin ou l’instigateur durant la seconde guerre mondiale. Dans un Tokyo dévasté, il se retrouve chargé d’une enquête portant sur les meurtres (plutôt horribles) de plusieurs jeunes filles. Jusque là, rien de vraiment innovant dans le sujet, si ce n’est que le lecteur est plongé dans le flux de conscience de cet inspecteur pour le moins... dérangé. Ainsi, surgissant à tout moment, les angoisses et les pensées de Minami viennent parasiter l’action, coupant les scènes et les dialogues par leurs répétitions et leur rythme lancinant. Parfois le même mot, la même pensée est répété sur toute une page et le récit s’en trouve comme suspendu. Difficile donc, pour ceux qui sont hermétiques à la poésie, d’accrocher à ce roman... Pourtant, quoi qu’on en dise, on ne le lâche pas jusqu’à la fin, envoûtés que nous sommes par l’écriture de David Peace.

Au final, le roman laisse une drôle d’impression. Si vous aimez la poésie, vous apprécierez sans doute ce drôle de mélange entre le roman noir et le poème, mais si comme moi, vous n’êtes pas un féru de Mallarmé et consorts, vous resterez sans doute dubitatif.