Florence G.
Dur, émouvant, prenant, inoubliable roman

Dès les premières pages de ce roman, je savais que j'allais le lire en un temps record.
Cela faisait d'ailleurs bien longtemps que je n'avais plus lu un roman aussi prenant, aussi "viscéral".

Deux amies liées par une amitié presque consanguine. Deux fillettes de 14 ans, déjà plus enfants, pas encore femmes.
Deux fillettes qui virevoltent dans la misère d'une cité sidérurgique italienne des années 2000 où drogue, sexe, violences inter et intrafamiliales rythment leur quotidien.
Ensemble, elles découvrent le monde qu'elles seront forcées d'intégrer ou de répudier violemment.

C'est un livre noir, dur, mais qui prend le lecteur "aux tripes".
On vit le quotidien de Francesca et d'Anna. On compatit. On endure les mêmes coups que la vie quotidienne leur inflige inlassablement. On souffre et on aimerait leur tendre les bras pour les mener vers un monde meilleur où elles ne déambuleraient plus dans les misères de ce bas monde.
On aimerait tant leur rendre leur insouciance perdue.
Et on s'accroche aux pages de ce roman comme elles s'accrochent de leurs petites mails frêles aux rêves qui les habitent, qu'ils soient socialement acceptables (Anna qui rêve de quitter cette cité miséreuse, faire des études universitaires et faire carrière loin de tout son passé) ou non (Francesca qui n'a pour plaisir que de voir les regards masculins fantasmer sur son coprs idyllique et qui, naturellement presque, ne verra que le strip tease et ses dérives pour but ultime).

Une oeuvre magistrale et magnifique comme peu de romans actuels...

Clara

Elles sont deux : amies depuis toujours, amies pour toujours. Anna et Francesca, la brune et la blonde, treize ans. Presque quatorze. Elles habitent la via Stalingrado à Piombino où les hauts fourneaux de l’usine se dressent. Des barres d’immeubles semblables les unes aux autres et un coin de plage. Dans la ville, l’acier est omniprésent. L’usine occupe les mains et les esprits. Des vies souvent toutes tracées où l’on ne quitte pas Piombino . L’été, Anna et Francesca vont à la plage. En face se dresse l’île d’Elbe, un endroit pour touristes. Pas pour elles. Bercées de rêves, elles s’imaginent un jour partir. Echapper à ce quotidien et se construire un autre avenir.
Le décor est planté : une ville d’Italie flanquée au bord de la mer. Une ville qui vit par l’acier de l’usine. Un endroit où tout le monde se connaît. Rares sont ceux qui partent. Anna et Francesca habitent dans les barres d’immeubles qui donnent sur la plage. Les magouilles, les gosses qui pleurent dans la cage d’immeuble, la drogue, les combines des uns et des autres. Un environnement où les hommes ont souvent tous les droits. Les fille se sont retrouvées mères trop tôt, piégées par la vie. Le père de Francesca a la main lourde. Le père d’Anna est souvent absent pour ses trafics. Son frère Alessio croit régner sur via Stalingrado où il est respecté par les plus jeunes : la drogue, les filles, la frime et l'argent souvent obtenu par des petits vols. Anne et Franscesca sont belles, leur corps sorti de l’enfance est sculpté par la féminité. Conscientes de leur pouvoir de séduction, elles s’amusent. Attirer les regards, susciter la convoitise des hommes. Un jeu où l’innocence a disparue. Inséparables, elles sont à un âge où l’amitié est plus forte que tout. Elles sont impatientes de consommer la vie, de grandir pour enfin accéder à leurs rêves, à leurs envies. Mais la via Stalingrado rattrapent ceux qui veulent partir. Anna et Fransca sont cantonnées à une vie où les rêves se cassent brutalement et où l’adolescence est un laps de temps brûlé trop vite.