Michaël L.
Avènement d'un « système de partis d'élites multiples »

En partant de la question de savoir pourquoi tant de démocraties ont laissé les inégalités socio-économiques se creuser et se sont orientées vers des débats portant sur l’immigration, l’identité nationale ou l’intégration, une vingtaine de chercheurs ont rassemblé et exploité des enquêtes électorales menées dans 50 démocraties électorales dans le monde entre 1948 et 2020 (17 en Europe occidentale, 3 en Europe de l’est post-communiste, 4 en Amérique du Nord et Océanie, 7 en Amérique latine et 9 en Afrique et Moyen-Orient).
Les résultats de cette impressionnante étude révèlent une transformation considérable du lien entre revenu, diplôme et vote dans les démocraties occidentales, et notamment comment les choix électoraux varient en fonction de caractéristiques sociales telles que le revenu, le diplôme, le patrimoine, la profession, le genre, l’âge, l’origine ou l’identité ethnoreligieuse.
En France par exemple, l'étude démontre notamment que le vote pour les partis de gauche était associé jusque dans les années 1960 aux électeurs à faibles niveaux de revenus et d’éducation. Il est progressivement devenu associé aux électeurs les plus diplômés, amenant à l’émergence d’un « système de partis d’élites multiples » dans les années 2000 et 2010. Les plus diplômés soutiennent désormais la « gauche », tandis que les plus aisés, autant en termes de revenus que de patrimoine, soutiennent encore la « droite ». Cette transformation contribue à expliquer l’accroissement des inégalités ainsi que la montée du
« populisme »...