Karen M.
Le club des incorrigibles optimistes

Ce roman est né d'un souvenir d'enfance, d'un hasard de la vie. A l'arrière du Balto de Denfert-Rochereau, Jean-Michel Guenassia aperçoit Kessel et Sartre disputant une partie d'échecs, il note également la présence d'hommes semblant venir des pays de l'Est. A partir de cette image restée gravée dans sa mémoire, l'auteur a su tisser un long et savoureux roman, d'une grande richesse historique.

Michel Marini, le narrateur, nous entraîne dans le Paris mouvementé des années 60. D'octobre 1959 à juillet 1964, on le suit dans une adolescence rythmée par le rock'n roll, le babyfoot, les évènements d'Algérie, la guerre froide, le communisme, les attentats contre Sartre, le procès des Rosenberg... Personnage attachant, ce lecteur compulsif et amateur de photographie, adolescent pourtant ordinaire, va faire une multitude de rencontres qui vont bouleverser sa vie, lui apporter une grande ouverture d'esprit et le faire mûrir. Au fond du Balto, modeste bougnat de Denfert, il découvre un club d'échecs rebaptisé le Club des Incorrigibles Optimistes où il va faire de fabuleuses rencontres : Igor, Werner, Sacha, Leonid, Imré, Gregorios, Pavel… Ces apatrides, juifs pour la plupart, communistes ou anti-communistes, ont fui le rideau de fer, laissant derrière eux femme et enfants au pays et sont confrontés à la dure réalité de l'exil. Mais ces hommes à qui il ne reste plus rien, qui ont perdu, jusqu'à leur identité, sont malgré tout vivants. Pour eux, il reste donc encore un espoir auquel ils s'accrochent. Ils ont survécu à l'horreur, rien n'est alors impossible. D'autres personnages, extérieurs au club ont également une forte influence sur l'adolescent : Cécile, Pierre, son frère Franck, son grand-père Enzo, Camille…
A travers ces tranches de vie racontées par bribes, le jeune Michel apprend la vie et détient les clefs pour tenter de construire sa propre pensée politique.

Valérie

Comme ma lecture du dernier roman du même auteur, celle-ci m'a parue inégale mais je l'ai tout de même préférée à "La vie rêvée d'Ernesto G". J'ai adoré le rapport que Michel entretient avec la lecture, même si parfois je me dis que c'est un peu un moyen facile de nous mettre dans la poche de l'auteur puisque nous sommes souvent des dévoreuses de livres qui peuvent s'identifier au personnage. Les excuses que Michel trouve pour expliquer ses retards, qui sont souvent vraies, m'ont vraiment fait sourire:
"Quand quelques jours plus tard, j'ai expliqué à l'appariteur, un pion thésard, que mon retard était dû au suicide d'Anna Karénine, il a cru que je me foutais de lui."