Magali C.
Un tyran anarchiste

Texte d'Antonin Artaud.

La légende dit qu'Héliogabale est né dans « un berceau de sperme. » C'était en 204 après J.C. à Antioche, en Syrie. Et toute son existence sera un long sacrifice de sexe et de sang. Héliogabale était un roi fou et excessif, baignant dans le stupre, la débauche et la démesure. Il a conquis Rome avec violence et est monté sur un trône de sang. Anarchiste couronné selon Artaud, le tyran, empereur de Rome, n'a de cesse de tendre vers l'unité, à sa façon. « Et Héliogabale, en tant que roi, se trouve à la meilleure place possible pour réduire la multiplicité humaine, et la ramener par le sang, la cruauté, la guerre, jusqu'au sentiment de l'unité. » (p. 45) Que voulait-il réunir ? Tous les contraires, tout simplement. L'unité à laquelle il tente de parvenir passe par la réunion du principe féminin et du principe masculin. Il se veut représentant des deux. « Héliogabale, le roi pédéraste et qui se veut femme, est un prêtre du masculin. Il réalise en lui l'identité des contraires, mais il ne la réalise pas sans mal, et sa pédérastie religieuse n'a pas d'autre origine qu'une lutte obstinée et abstraite entre le Masculin et le Féminin. » (p. 67)