La revanche du nationalisme
Néopopulistes et xénophobes à l'assaut de l'Europe
Pierre-André Taguieff
Puf
Hors collection
Présentation
Depuis le milieu des années 1980, les formations politiques dites « populistes
» ou « néopopulistes » de droite, sans perdre leur dimension protestataire et
anti-élites, sont devenues de plus en plus identitaires, anti-européistes et
anti-immigrés. On peut y voir l’apparition de nationalismes non classiques,
qui ont substitué aux visées expansionnistes ou impérialistes des
préoccupations défensives ou conservatrices, centrées sur la préservation des
identités collectives supposées menacées. Dans ces nouvelles mobilisations
nationalistes qui séduisent de plus en plus de citoyens, l’orientation
xénophobe est moins politique que culturelle. L’ennemi principal n’est plus le
pays voisin, rival menaçant, mais l’ensemble des forces et des flux censés
mettre en péril les manières de vivre, de penser et de sentir des citoyens de
telle ou telle communauté nationale. C’est à ce titre que l’« américanisation
» ou l’« islamisation » des mœurs sont dénoncées. Loin d’avoir mis fin aux
mobilisations nationalistes, la construction européenne et la mondialisation
sont devenues les principales causes de ces réactions nationalistes non
prévues par les experts. Cette évolution de nombreuses formations politiques
vers une nouvelle forme de nationalisme, un néonationalisme idéologiquement
compatible avec le néolibéralisme comme avec le social-étatisme (l’État-
providence), a été masquée par le style populiste de leurs leaders,
pratiquant l’appel au peuple contre le « système » ou les élites dirigeantes,
ainsi que par un étiquetage polémique consistant à les inclure dans la
catégorie diabolisante d’« extrême droite », interdisant toute analyse fine et
non biaisée de leurs conditions d’apparition, de leurs traits distinctifs et
des facteurs de leurs succès électoraux. Il est contre-productif de dénoncer
ces formations politiques comme anti-démocratiques, alors que la plupart
d’entre elles exigent plus de démocratie et d’engagement civique que n’en
permettent aujourd’hui les démocraties représentatives, minées par l’érosion
de la confiance entre gouvernants et gouvernés. S’il est légitime de
s’interroger, non sans inquiétude, sur cette grande vague national-populiste
qui balaie l’Europe depuis une trentaine d’années, il faut aussi reconnaître
que la séduction croissante de ces mobilisations idéologiquement nationalistes
et rhétoriquement populistes constituent un défi pour tous les citoyens
soucieux de revivifier la démocratie sans restreindre le champ des libertés
individuelles.
Caractéristiques
Éditeur | PUF |
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Date de publication | 18 mars 2015 |
Collection | Hors collection |
Langue | français |
Langue d'origine | français |
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