Présentation
L'affaire est entendue, et Karl Jaspers l'a résumée : Carl Schmitt fait partie avec Heidegger de «ces professeurs [...] qui ont tenté de prendre intellectuellement la tête du mouvement national-socialiste». Depuis lors, nonobstant, des contradicteurs distingués - Strauss, Löwith, Peterson, Kojève, Blumenberg, Habermas, Derrida... - ont discuté âprement ses thèses, souvent pour les rejeter, comme il en va avec tous les classiques intéressants, de Platon à Wittgenstein. Aussi l'heure est-elle venue de «partir de Carl Schmitt», au double sens de reformuler des questions essentielles à partir de certains de ses travaux et de lui donner congé lorsqu'il ne nous aide plus à penser. Certains de ses concepts (le nomos de la terre, la constitution comme décision «existentielle»...) ou des concepts sur lesquels il a apposé son empreinte (le pouvoir constituant, l'État de droit «bourgeois») éclairent différemment des questions telles que le rapport entre décision et rationalité ; l'enracinement des normes juridiques dans les institutions ; le statut de l'ordre constitutionnel et ses présuppositions ; les effets pervers du retour de la morale en politique internationale (droits de l'homme et démocratie forment-ils le couple uni que l'opinion dominante nous décrit ?). Mais cette fécondité se heurte à une limite fondamentale : Schmitt est plus efficace pour penser des ruptures et des instaurations que pour décrire le fonctionnement normal de l'ordre juridique établi. À jamais, il demeure un penseur du dissentiment.
Jean-François Kervégan est professeur de philosophie à l'université Paris I-Sorbonne.
Caractéristiques
EAN13 | 9782070135417 |
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ISBN | 978-2-07-013541-7 |
Éditeur | Gallimard |
Date de publication | 17 novembre 2011 |
Collection | Tel (387) |
Nombre de pages | 336 |
Dimensions | 19 x 12,9 x 1,8 cm |
Poids | 334 g |
Langue | français |
Code dewey | 193 |
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