Helmer van Wonderen vit depuis trente-cinq ans dans la ferme familiale, malgré lui. C'est Henk, son frère jumeau, qui aurait dû reprendre l'affaire, mais il a disparu dans un tragique accident à l'âge de vingt ans. Alors Helmer travaille, accomplissant les mêmes gestes, invariablement, machinalement. Un jour, sans raison apparente, il décide d'installer son vieux père au premier étage, de changer de meubles, de refaire la décoration de la maison...
J'étais en quête d'un bon roman pour commencer cet automne, d'un formidable compagnon pour ralentir le temps, pour pénétrer dans une bulle de douceur contemplative. J'ai ouvert ce roman et j'ai pris mon temps...
Rares sont les romans traduits du néerlandais mais ils réservent souvent de belles surprises. Celui-ci n’échappe pas à la règle. A peine lues les premières pages, on entre dedans sans rechigner ni se poser de question, pris par le déroulement de cette histoire qui ne ressemble à aucune autre.
Cette lecture m'a transportée tant l'écriture est belle est l'histoire intelligemment construite. Le titre, déjà, recèle, pour qui vient d'achever le roman de Gerbrand Bakker, toute l'ambiguité des personnages. Il peut se comprendre à plusieurs niveaux.
Le personnage principal, un fermier taciturne de cinquante-cinq ans, décide, un jour, de monter à l'étage son père, devenu grabataire, et de rendre sien l'espace du bas. Il arrache moquettes et tapisserie, jette le mobilier et se crée un univers épuré, sans plus aucune trace, ou si peu, de ceux qui ont occupé les lieux. Le titre peut évoquer cette soudaine rebellion. La pièce où il confine son père et le regarde s'éteindre peu à peu serait une antichambre de ce "Là-haut" où "tout est calme" que certains pensent gagner après leur mort.