Alex-Mot-à-Mots
Adolescence, Italie

Voici un roman qui m'est littéralement tombé des mains.
D'abord parce que je ne suis pas fan des romans d'initiation (on va dire que j'ai passé l'âge). Ensuite parce qu'il ressemble pratiquement trait pour trait à son dernier roman "Les poissons ne ferment pas les yeux".
J'ai donc eu l'impression que l'auteur tournait en rond avec cette histoire de passage de l'adolescence, et je n'avais pas envie de relire la même chose sous la même plume.
L'image que je retiendrai :
Celle du Juif caché dans la cave de don Gaetano.

Librairie Athenaeum -.
Apprendre et initier ...

A la fin de la guerre et après-guerre, le narrateur grandit à Naples. Ses parents étant décédé, il vit sous la protection de don Gaetano, le concierge de son immeuble ... Hanté par le visage et le regard d'Anna, fillette aperçue à quelques reprises derrière une vitre tandis qu'il jouait dans la cour, il la retrouve plus tard.
A travers le récit de la valeur des hommes pendant la guerre, il apprend à devenir un homme. Il n'est pas le "fils de" mais reçoit et découvre ce qui peut lui permettre de s'affranchir.

Poésie, certes, mais aussi une certaine rudesse ... cette duplicité apporte de la grandeur mais engouffre le lecteur dans un silence après avoir terminé la dernière page ...

Hélène-Lecturissime
Un magnifique roman d'initiation

Ce que j’ai aimé :

- La beauté limpide du texte :

« « Je t’ai attendue jusqu’à oublier quoi. Une attente est restée dans mes réveils, quand je saute du lit à la rencontre du jour. J’ouvre la porte non pas pour sortir mais pour le faire entrer. »

J’appuyai ma tempe sur la sienne.

« Anna, il s’est écoulé une éternité.

C’est fini. Maintenant commence le temps, qui dure des moments. » (p. 65)

- La poésie qui s’échappe de tous les mots, flotte indicible, et auréole l’histoire d’un halo d’éternité.

- L’hommage à tous ceux qui ont osé résister à l’envahisseur pour continuer à être des hommes debout, malgré la menace, malgré la mort. Et l’importance donnée à la parole, aux souvenirs pour que ces hommes et leurs valeurs ne s’évanouissent dans les rets gluants du temps qui passe.

« Ses récits devenaient mes souvenirs. Je reconnaissais d’où je venais, je n’étais pas le fils d’un immeuble, mais d’une ville. Je n’étais pas un orphelin de père et de mère, mais le membre d’un peuple. » (p.128)

Clara

Je suis embêtée car je ne vois pas comment faire un résumé de ce livre magistral.
L’histoire se déroule à Naples, dans les années après guerre. Le narrateur, un jeune garçon de 13 ans, orphelin, apprend la vie à l’école mais surtout grâce à don Gaetano. Il aime passer son temps libre à lire, à jouer au foot et la « scopa ». Dans la loge de l’immeuble de don Gaetano décrite comme « une loupe de philatéliste », don Gaetano lui raconte Naples pendant la guerre. Le jeune garçon se nourrit des paroles de don Gaetano. Père de substitution, don Gaetano accompagne à devenir un homme : initiation à l’amour, aux codes d’honneur mais surtout à Naples.

Ce livre est un coup de cœur et j’ai du mal à en parler. Car il y a tant à dire, à trouver les mots justes pour décrire ce livre magnifique.
Il y a l’écriture d’Erri de Luca si belle. Un style concis, épuré qui dégage de la poésie et où les phrases invitent à méditer. Avec ce livre, on accède à l’histoire de Naples pendant et après la guerre avec aspects glorieux et ceux moins reluisants. Les questions de cet enfant qui grandit, sont décrites avec art mais simplement. On ne lit pas ce livre, on le vit.

Un tableau de Naples et de l’apprentissage à devenir un homme où le talent d’écrivain d’Erri de Luca nous fait fondre de bonheur.