Dephine L. Libraire
Ensemble c'est à New York

C'est le page turner de l'hiver. Kristopher Jansma nous invite à sympathiser avec Irene, Jacob, William, George et Sara. Ils sont jeunes, se connaissent depuis la fac et s'immergent ensemble dans le grand bain de la vie professionnelle à Manhattan. C'est un grand roman psychologique qui vous installe dans leur vie, leurs désirs, leurs rêves et leurs états d'âmes aussi. Jusqu'au coup du sort qui s'abat sur l'un d'entre eux et qui viendra bouleverser leur amitié. L'auteur pourtant jeune (né en 1982), n'a pas son pareil pour décrire les retentissements liés aux drames de la vie. Lucide, ironique mais embrassant chaque personnage, Kristopher Jansma laisse le lecteur orphelin de cette bande de copains une fois le livre refermé.

sandrine57

Ils viennent de quitter les bancs de la fac et se sont lancés à l'assaut de New York, prêts à en découdre avec la Grosse Pomme. Entre leurs rêves de réussite et la réalité pas toujours à la hauteur de leurs espérances, ils ont un peu déchanté. Jacob, le poète juif, n'écrit plus. Englué dans une relation avec son patron qu'il trompe allègrement, il s'est enfermé dans un centre de soins pour adolescents en souffrance où il est surveillant/aide-soignant. George observe les étoiles, déteste son collègue,se console dans l'alcool. Sara travaille dans un journal, fait le boulot de quatre personnes sans obtenir la reconnaissance qu'elle mérite. Irène, l'artiste fantasque, est factotum dans une galerie. Elle organise les expositions, les vernissages, les soirées, pendant que ses œuvres prennent la poussière dans son atelier. Séduisants et irrésistibles, Jacob, George, Sara et Irène attirent William comme un aimant. Le jeune coréen les admirait de loin à l'université et quand il a la chance de les approcher lors d'une fête, il se greffe à la bande et tombe amoureux de la belle Irène. Ces inséparables, amis pour la vie, n'ont pas encore accompli leurs ambitions mais il leur reste New-York, trépidante, grouillante de vie, festive, infatigable, ville de toutes les solitudes, de toutes les solitudes, de tous les possibles. Pourtant cette ascension qu'il voulait fulgurante va se briser quand Irène tombe malade. Celle qu'ils aiment, leur pilier, leur étoile, est atteinte d'un cancer. Il va falloir se battre, ensemble, même quand Irène semble baisser les bras, même quand la maladie semble la plus forte.

Une bande de copains, une ville, le cancer...Des rêves, de l'insouciance et une épreuve, une perte puis la douleur, le deuil, la remise en question, la maturité. Cette odyssée new-yorkaise apporte son lot de rires et de larmes même si les personnages, soit stéréotypés, soit désincarnés, peinent à être attachants. De belles phrases et de beaux sentiments mis bout à bout ne font pas toujours une bonne histoire. On se perd parfois dans des digressions sans intérêts et malgré le sujet grave et émouvant, on ne partage pas forcément la peine de ces adulescents un brin poseurs et condescendants. Jacob le poète maudit et homosexuel, Sara la plus raisonnable, George l'alcoolique honteux et William la pièce rapportée évoluent au fil du roman vers la maturité si ce n'est l'épanouissement. On retiendra surtout New York qui les entoure, les promenades sous le pont de Brooklyn, la visite du MET, les bars ouverts jour et nuit, la magie d'une ville audacieuse qui rend audacieux.
Bilan mitigé mais pas négatif. Une odyssée new-yorkaise reste un bon roman d'apprentissage qui pêche parfois par excès de bavardages mais offre une belle vision de la jeunesse qui en veut mais doit se résoudre à accepter la vie telle qu'elle est, avec ses hauts et ses bas, ses coups durs qui rendent plus forts, tout ce qui fait que l'on se construit pour devenir adulte. Le titre fait bien sûr référence à l'Odyssée d'Ulysse et à Homère. Comme le héros héros grecs, les personnages traversent les épreuves que les dieux mettent sur leur route pour finir par arriver à bon port, là où ils peuvent espérer trouver le bonheur.