Élise L. Libraire

Isabelle Dangy imagine la vie d’un peintre de la deuxième moitié du XIXème siècle. Il se nomme René Dolomieu et se fait connaître grâce à son talent de portraitiste. La primo-romancière nous entraîne sur ses pas et nous fait côtoyer les peintres de la forêt de Fontainebleau, les débuts de la photographie et les expositions universelles. Ce peintre, on va également le suivre jusqu’à Yokohama au Japon où il part à la recherche de nouvelles techniques de fabrication de porcelaine afin d’enrichir l’entreprise de son beau-père. Que ce soit dans sa vie amoureuse ou dans sa vie professionnelle, le cours de son existence échappe sans cesse à René Dolomieu, n'en faisant pas pour autant un être malheureux. C’est sur la manière dont on dirige son destin et sur la création qu’Isabelle Dangy nous interroge. J’ai beaucoup aimé ce roman pour sa douceur, mais aussi pour la qualité de l’écriture de l’auteur, chaque page donnant la mesure d'une vie qui s'écoule.

Alex-Mot-à-Mots
peintre

Si au départ le texte m’a paru maladroit parfois (des descriptions qui arrivent un peu par hasard), j’ai fini par me laisser porter par la narration et adhérer au roman.

Car tout, dans ce roman, est au service de l’idée de l’auteure : l’existence est une poussière impalpable que nous tentons de saisir par petits tas minuscules.

J’ai aimé ce peintre dont l’obsession est de peindre des tas : de macarons, de paniers, de corps en copulation, de cendres. Un seul de ses acheteurs saisi vraiment l’agencement de ses tableaux.

J’ai aimé Anna, la petite fille adoptée qui se jette dans la Seine un jour d’orage sans que personne ne sache pourquoi. Nous avons parfois des fulgurances étranges.

J’ai aimé Valentine, sa blessure d’enfance, jamais satisfaite et qui se réfugie dans l’opium.

Hortense, sa fille, m’est restée énigmatique et lointaine.

J’ai aimé le photographe attiré par les hauteurs.

Et l’énigmatique Yuko, la japonaise contrainte de fuir le Japon sans que l’on ne sache finalement pourquoi.

Des personnages tous différents, tous passionnants et avec leur part de mystère. Comme dans la vraie vie.

Un roman plus profond que la simple jolie histoire de peintre qu’il donne à lire, dans le fond, et dans la forme.

L’image que je retiendrai :

Celle des tas que peint René Dolomieu : et moi, quel tas de particules de poussière résumera ma vie ?

https://alexmotamots.fr/latelier-du-desordre-isabelle-dangy/