Yv

Retour de Tedj Benlazar et de Frédéric Paulin, son créateur, après l'excellent "La guerre est une ruse", qui se déroulait en Algérie au début des années 90, juste après les élections qui avaient fait gagné les islamistes.
Frédéric Paulin continue de tirer le fil de l'importation du terrorisme en Occident. C'est toujours remarquablement fait, car il sait mêler la réalité à la fiction. Ses personnages inventés se joignent et se mêlent aux personnes ayant réellement existé, le tout donnant un récit crédible et réaliste. Il explique toute l'époque, tous les actes qui amèneront vers les attentats du 11 septembre 2001, leur préparation, les cafouillages des divers services de renseignements et de police pour, souvent, de simples guerres entre eux. Il n'oublie pas d'évoquer certaines théories complotistes en les traitant comme telles.

C'est passionnant et instructif, même pour quelqu'un de ma génération ayant vécu tout cela, sans doute d'assez loin. Ce qui fait la force de son roman et lui donne une puissance indéniable, c'est aussi l'ajout de ses personnages fictifs, de leurs vies professionnelles et personnelles difficiles. Il leur donne corps et n'en fait pas de simples faire-valoir du contexte. Ils vivent pleinement l'époque et leur travail, ce qui donne même beaucoup de relief aux événements décrits. L'auteur donne vie à des personnages qu'on a envie de retrouver.

J'étais étourdi à la lecture du premier livre de la série, je le suis tout autant avec le deuxième, et je crois savoir qu'un troisième est prévu. Les romans comme celui-ci qui expliquent et instruisent sur une époque ou un thème, qui ne sont pas rébarbatifs, me passionnent. Je prends une option sur le troisième opus.

Alex-Mot-à-Mots
Terrorisme

Après l’excellentissime La guerre est une ruse, j’étais impatiente de lire la suite.

Tedj Benlazar n’est plus en Algérie mais en ex-Yougoslavie où la guerre fait rage. Sa fille Vanessa s’éprend d’un journaliste de "La Voix du Nord" qui couvre les faits divers.

En janvier 1996, dans la banlieue de Roubaix, à Croix, deux malfrats tirent à l’arme automatique sur des policiers lors d’un banal contrôle routier. Reif Arno, le journaliste remonte leur piste et découvre derrière ces deux braqueurs une entreprise terroriste qui échappe encore aux radars du renseignement français.

Au fil des années, jusqu’en 2001, la petite organisation Al-Kaïda va prendre de l’ampleur.

J’ai aimé suivre Reif Arno, journaliste un peu pataud que son beau-père Tedj envoie en Afghanistan, son amour torride avec Vanessa.

J’ai découvert Zacarias Moussaoui, petit gars de Narbonne qui n’a pu aller au bout de sa mission du 11 septembre, son parcours à Londres dans le Londonistan, et sa préparation en Afghanistan.

Gh’zala, dont Tedj était amoureux en Algérie, y vit toujours et lutte contre le Code la famille imposée aux femmes par le régime Bouteflika.

Benlazar se fait plus discret, qui disparaît dans la France profonde en Haute-Loire, mais qui continue, à sa façon et grâce à Reif, d’alerter ses anciens camarades sur le nouveau terrorisme.

Un récit mené tambour battant, alternant les personnages et faisant défiler les années jusqu’au bouquet final tragique.

Ce second volet, plus proche de moi dans le temps, m’a aidé à mieux comprendre le conflit en ex-Yougoslavie et ses répercussions actuelles, mais aussi le mode de préparation des attentats et l’inertie des services secrets américains.

Un roman fort, riche et documenté qui se lit comme un polar.

J’ai hâte de découvrir le dernier tome de cette trilogie : se déroulera-t-il en 2020 ou plus tard ? Quels seront les réseaux terroristes à l’œuvre ?

L’image que je retiendrai :

Celle des grottes de Tora-Bora où Reif se retrouve retenue, attendant une hypothétique interview. L’hiver, il y fait très froid, le climat servant de rempart naturel à toute intrusion ou tentative de fuite.

Quelques citations :

Un peu comme en Algérie, il faut suivre l’argent. (p.61)

Les militaires sont derrière toute chose en Algérie, capitaine. On dit « le GIA », mais c’est les militaires, en fait. p.126)

Il songe que celui qui cesse d’être ton ami ne l’a jamais été. C’est Shakespeare ou Aristote qui l’a dit. Les Algériens et les Français n’ont jamais été amis, c’est vrai. (p.127)

https://alexmotamots.fr/premices-de-la-chute-frederic-paulin/

o n l a l u
Au coeur de la terreur islamiste

« Le roman, ça rassure les gens, ils ne savent pas que le romancier peut
révéler la vérité ». Cette confidence d’un personnage de « Prémices de la
chute » résume l’ambition de Frédéric Paulin : raconter pour un large public
comment, depuis la décennie noire de l’Algérie, la terreur islamiste s’est
répandue jusqu’en France. Le premier volet de son triptyque, « La guerre est
une ruse », est un succès en librairie qui cumule les récompenses. Le
deuxième, qui vient de sortir, est attendu au tournant : il faut confirmer.

Le temps d’introduire de nouveaux personnages et de réinstaller les anciens,
et on y est. Roubaix, 1996, un gang armé écume les supermarchés. Un reporter
local et une jeune gradée de la PJ voient entrer en action les premiers
djihadistes français, revenus de Bosnie. On va dès lors rebondir entre ces
témoins de première main et deux observateurs plus distants mais tous plus
impliqués : une responsable du contre-terrorisme et un officier de
renseignement, Benlazar, envoyé cette fois dans les Balkans après sa mission
en Algérie (« La guerre est une ruse »).

L’auteur développe un jeu captivant entre une réalité connue (attentats,
manœuvres politiques) et sa perception par ces héros fictifs. Une manière
d’éclairer les événements depuis des coulisses imaginaires, sous un angle
inédit. Et si l’on n’avait pas su voir ? ou pas su agir à temps ? Loin des
théories du complot, son récit recoupe des visions déjà connues des attentats
de 1996 ou du 11 septembre. Une façon d’appuyer là où le terrorisme a fait
mal. Il ne ménage pas ses personnages, ne leur donne pas toujours le beau
rôle, et nous laisse très impatients de lire la suite.

**[Lire notre interview de Frédéric Paulin](https://www.onlalu.com/2019/04/04
/interview-frederic-paulin-interview-roman-41683) [" Ma spécialité, c'est le
moment présent "](https://www.onlalu.com/2019/04/04/interview-frederic-paulin-
interview-roman-41683)**

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