Laure-Anne C. Libraire

Un roman qui célèbre la fragilité, de l'esprit, et du corps. L'adolescence et ce qu'elle fait commettre, l'héritage qu'elle nous laisse. Un roman qui questionne la responsabilité, la résistance. Et surtout, une écriture belle et une construction fine.

Utilisateur Animation L. Libraire

Un roman qui célèbre la fragilité, de l'esprit, et du corps. L'adolescence et ce qu'elle fait commettre, l'héritage qu'elle nous laisse. Un roman qui questionne la responsabilité, la résistance. Et surtout, une écriture belle et une construction fine.

Libraires E. Libraire
UN ROMAN CHORAL PUISSANT

Tout marche bien pour Cléo, qui mène une belle carrière de danseuse à la télévision. Tout ? Non. Une histoire la rattrape, celle d’un piège, dans lequel elle est tombée encore jeune adolescente, entraînant d’autres jeunes filles dans le tourbillon noir des souffrances. Un personnage qui nous questionne sur nos propres choix, les refus manqués, les acquiescements regrettés. Une écriture simple, fluide, qui nous marque comme une empreinte.

Mathilde D.
Une tornade littéraire

La honte éprouvée, les mots jamais dits, la difficulté de se pardonner. Vaste programme que l'auteure cerne subtilement.

Elizabeth P.

Un livre très prenant.
Je ne sais pas pourquoi j'ai tant hésiter à l'ouvrir.
Le monde des danseuses, ici plutôt les danseuses de revues, est un monde dur et impitoyable.
Exigeant, mal payé.
Cléo, à treize ans est repérée par la charismatique Cathy qui lui propose de tenter d'obtenir la bourse de la Fondation Galatée pour devenir danseuse de modern jazz.
Mais un piège se referme sur elle qui va changer sa personnalité et déterminer toute sa vie.
Elle deviendra bien danseuse, en particulier dans une émission de Drucker, mais sa vie privée ne semble guère heureuse.
Outre Cléo, un personnage important du récit est Betty, au départ impétueuse petite fille de douze ans.
Une histoire pas toujours aisée à suivre, pas chronologique, des personnages multiples et parfois l'impression de s'y perdre.
Mais ce qui domine du début à la fin, c'est un sentiment de gâchis fortement ressenti.
De tristesse aussi pour Clio, Betty et les autres.
On en apprend beaucoup sur le monde de la danse.
Milieu de la danse comme milieu du sport, beaucoup d'abus aux conséquences irréversibles y ont été commis.
En refermant ce livre persiste un sentiment d'amertume et de révolte.

Pascale B.
De quoi chavirer .....

De jeunes filles pubères deviennent des proies faciles contre la promesse d’un rêve et la complicité des témoins les enferme dans le silence.
Imprégnée de la culture populaire des années 80, Cléo décide de danser coûte que coûte….
C’est surtout l’histoire d’une colossale culpabilité qui emplit la vie de cette jeune fille à la fois victime et coupable… Comment trouvera-t-elle la rédemption ?
L’écriture est incisive, dynamique ; les phrases fusent, parfois désorganisées mais addictives.

Alex-Mot-à-Mots
danse, pédophilie

Même si ce roman n’est pas un coup de cœur, j’ai adoré cette lecture.

D’abord parce que Cléo fait de la danse : du modern jazz. Et pour continuer à danser, elle est prête à tout, y compris à décrocher une bourse de la mystérieuse Fondation Galatée.

Plus tard, elle danse dans la compagnie de Malko pour l’émission Champs Elysées, puis dans une revue parisienne.

Son corps la fait souffrir, mais jamais elle ne renonce. Quitte à vivre avec la double culpabilité de la victime et du bourreau.

Victime de la Fondation Galatée qui n’est qu’un paravent pour de riches barbons afin d’approcher des jeunes filles, de préférences de milieu défavorisé et avec un fort tempérament.

Bourreau car à son tour elle recrute des filles de son établissement scolaire pour Galatée.

Notamment Betty, 12 ans. Trop jeune pourtant, mais Betty n’en fait qu’à sa tête. Et malgré Cléo, elle deviendra la petite fiancée d’un homme de 50 ans.

J’ai aimé que Cléo défende sa compagnie face à son amante Lara. Lara qui est de tous les combats pour défendre les travailleurs, mais qui ne comprend pas que l’on ne veuille pas danser du classique.

Et la compagnie de Malko fait danser toutes les couleurs de peau. Il y a une vraie diversité, au contraire du ballet classique.

J’ai aimé que Cléo cherche à être touchée au cœur, montrant souvent du doigt cette partie là d’elle-même.

J’ai aimé la bande-son très années 80.

J’ai souri chaque fois que Cléo souriait lorsqu’elle dansait. Et elle sourit beaucoup, contrairement à La petite communiste.

Mes cheveux se sont dressés à écouter Cathy et ses vieux schnocks demander aux jeunes filles d’être matures pour pouvoir exploiter leur faiblesse.

J’ai aimé que Cléo s’ouvre à la pensée grâce au père de Yonnack, vieux rabbin qui prend cette jeune fille cassée en affection et lui glisse chaque semaine des phrases à méditer.

L’autrice a su me rendre plaisant le goût pour le strass et les paillettes (très années 80 également) dont raffole Cléo.

J’ai aimé Claude, l’habilleuse de la revue, qui, l’espace de quelques chapitres, m’a fait pénétrer dans les coulisses du spectacle, avec ses filles qu’elle materne, et son manager impitoyable.

Car ce roman est également un roman social qui met en lumière les classes défavorisées, éternelles perdantes et volées du Grand Capital.

Quelques citations :

oui, si ça ne faisait pas mal, c’est qu’on n’avait rien osé déranger. p.181

Ces gamines n’avaient pas décidé d’échanger du sexe contre un stage ou une lettre de recommandation. Elles l’ont fait pour ne pas décevoir Cathy. (…) Cathy avait parié que l’amour les réduirait au silence. Elle a eu raison. p.334

Le système Galatée ne disait pas autre chose : que la meilleure gagne ! L’affaire Galatée nous tend le miroir de nos malaises : ce n’est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche ; de consentir journellement à renforcer ce qu’on dénonce : j’achète des objets dont je n’ignore pa=s qu’ils sont fabriqués par des esclaves (…). Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui peu à peu nous creuse et nous vide. N’avoir ien dit. Rien fait.

Avoir dit oui parce qu’on ne savait pas dire non. (p.336)

L’image que je retiendrai :

Celle des chevilles, très présentes dans ce roman, qui sont malmenées souvent.

https://alexmotamots.fr/chavirer-lola-lafon/

Céline V.

Les héroïnes de Lola Lafon ont généralement en commun leur corps en souffrance et leur parole inaudible. Dans un roman tout en émotion et en suggestion, elle se penche de nouveau sur les rapports de pouvoir, ici dans les milieux populaires et artistiques, et l’utilisation du corps des femmes. A l’époque où les chambres des adolescentes sont tapissées de posters de Flashdance, Cléo rêve de devenir danseuse professionnelle. Elle suit des cours de modern jazz à la MJC de son quartier. Quand une femme élégante l’aborde et lui parle de la fondation Galatée, un avenir semble s’ouvrir à elle. Pour réaliser son rêve, elle devra faire preuve de « maturité » lors de mystérieux déjeuners dans un appartement chic parisien. La sélection ne se passera pas comme elle l’espérait et, pour pouvoir tenter à nouveau sa chance plus tard, Galatée lui propose de sélectionner pour son compte des filles « prometteuses » dans son collège.
Tout au long de sa vie, à travers les voix de ceux qui l’ont côtoyée de près ou de plus loin, Cléo avance avec les poids du remord et de la honte dans ses jambières. Elle se torture d’avoir été la complice de ses propres bourreaux et se condamne au silence. Il faudra un appel à témoins des années plus tard pour qu’elle se rende compte qu’elle n’en a pas fini avec cette histoire et qu’elle va devoir régler ses comptes avec elle-même et peut-être même avec les autres.
Dans une chorégraphie savamment chaloupée, Lola Lafon panse, masse, soigne les corps de ses personnages. Elle les ausculte minutieusement et laisse apparaître leurs blessures les plus profondes. Dans ce roman d’une intensité qui va crescendo, il est question de pardon que l’on s’accorde ou pas, de consentement que l’on donne ou pas, de culpabilité, d’emprise et surtout de fragilité. Car Lola Lafon sait comme personne dépecer l’âme humaine et la mettre à nue, dans toute sa beauté.

Eric R.
Troublant

Légèreté, porté, agilité mais aussi fragilité, l'art de la danse classique ou moderne, c'est tout cela et Lola Lafon nous le fait découvrir de l'intérieur. Paillettes, strass mais aussi maquillage épais, double collant, pour masquer les blessures. Blessures physiques bien entendu mais aussi psychologiques comme celles de Cléo, qui à l'âge de 13 ans va se voir proposer une bourse par une mystérieuse Fondation qui auditionne les jeunes candidates dans le XVI ème arrondissement de Paris au cours de diners intimes. Par strates chronologiques successives, par des points de vue de personnages variés, l'autrice remonte près de quarante ans de la vie de Cléo, une vie brisée sous l'emprise d'une culpabilité irradiante. Un roman proche du livre de Vanessa Sprintera, "Le consentement".
Aussi fort, aussi éclairant. Aussi indispensable.

Eric