Yv

"Quitter son job pour écrire un livre.

Combattre ses démons intérieurs.

Digérer le départ définitif de l'être aimé.

Adopter un bonsaï. Optimiser ses perspectives d'avenir.

Travailler sans relâche. Retomber amoureux.

Continuer d'avancer." (4ème de couverture)

C'est tout cela que va vivre le héros de Manu Boisteau, quarantenaire en plein questionnements. C'est l'âge auquel des doutes existentiels, des remises en question arrivent souvent. Là, c'est assez radical. Consultation de psy, d'hypnothérapeute, dialogue avec son surmoi qui prend la forme d'un chien très Droopyesque ou Brian Griffinesque, pour ceux qui connaissent Family Guy. Cauchemars récurrents avec des formes désagréables qui hantent l'homme en question et qu'il combat mollement.

C'est drôle et léger mais pas seulement, ça pose aussi des questions sur le sens que l'on veut donner à sa vie, au moins à la seconde partie d'icelle : rester dans un boulot certes rémunérateur mais fatigant et ennuyeux ou changer de vie pour tenter de réaliser si ce n'est des rêves au moins des envies ? Tenter de sauver son couple ou fuir ? Bon, là, c'est elle qui s'en va, lui étant bien incapable de prendre une décision, ce qui règle brutalement le problème.

J'aime beaucoup cet album, les toutes petites cases non cadrées avec des petits personnages dont le héros chauve et avec lunettes, les plus grandes qui concernent surtout les cauchemars hantés de monstres. Les dessins qui penchent sérieusement vers l'humour, les phases par lesquelles passe le héros, les amis sarcastiques dont il aurait aimé le soutien...

C'est décalé, ça parle des affres de la création, des doutes, de la difficulté à écrire, à créer quelque chose qui ne serait pas du déjà-vu-déjà-lu, de l'usure du couple surtout lorsque les envies de l'un ne correspondent plus à celles de l'autre. J'aime les trouvailles comme ce chien surmoi ("surmouah"), la mauvaise foi du type, sa couardise. C'est si simple de dire je quitte tout, mais si compliqué à faire.