Laure M. Libraire

"Florida", c’est d’abord l’histoire d’une petite fille dont les parents (la mère surtout) imposent à celle-ci d’être une mini-miss. A l’heure où elle est censée côtoyer l’innocence, elle se doit d’être une petite femme, une princesse exposée. Nous voilà propulsé dans un monde à la dérive, où la névrose est légion ; où les désirs frustrés des mères se répercutent sur leurs filles dociles. Mais Florida se rebelle. Cela n’ôte pas le goût amer qui s’est logé dans ses entrailles. Une fois adulte, elle devient bodybuildeuse. Elle conjure le sort, s’attaque à son corps. Cette métamorphose détonne et n’est pas des plus apaisantes. Une terrible fable sur le culte des apparences, racontée dans une langue qui percute. On est happé par le rythme, un rythme haletant, nerveux qui transmet efficacement la rage de l’héroïne.

Alex-Mot-à-Mots
rapport au corps, vengeance

J’avais lu, comme tout le monde je pense, le premier roman de l’auteur En attendant Bojangles. Le suivant ne me tentait pas trop, mais ce dernier beaucoup plus.

Pensez-donc : une ancienne mini-miss se venge de sa mère.

L’auteur nous offre à lire l’envers du décor : une volonté de gagner maternelle, une certaine maltraitance, un père absent et bien content que femme et fille quittent la maison chaque samedi.

Si j’ai bien aimé la première partie sur l’univers stressant des concours de beauté pour enfants, j’ai trouvé que la seconde partie tirait en longueur : la vengeance est longue à mettre en place, et pour le coup, se mange froide.

J’ai aimé tout de même découvrir les procédés de la création artistique avec l’ami de la narratrice, et Agatha Kristik, la tenancière de galerie d’art.

Le personnage principal me restera tout de même en mémoire : sa volonté farouche de faire ce qu’elle décide de son corps.

Mais sa place d’éternelle seconde m’a fait de la peine.

Une citation :

… c’est l’histoire de l’engrenage. Cette insatisfaction permanente crée la hargne nécessaire pour continuer. (p.131)

L’image que je retiendrai :

Celle des plages de Miami où les culturistes se retrouvent tôt le matin ou tard le soir.

Virginie S. (Libraire)
Florida est tout en démesure, c'est déroutant et jubilatoire!

Florida est un conte cruel, une critique féroce du culte du corps et de la beauté où la Belle n'est jamais très loin du Monstre. Dans cette critique au vitriol du rêve américain, Olivier Bourdeaut a aiguisé sa plume. Les phrases sont ici lapidaires et le roman se lit dans un souffle. Florida est tout en démesure, c'est déroutant et jubilatoire!