Magali C.

Nestor est énorme, mais délicat. « Il ménageait son corps lourd. Il ne lui demandait jamais d’effort superflu. Peut-être l’aimait-il quand même, cette masse de plis et de rebonds. Avec elle, Nestor se montrait charitable. » (p. 12) Nestor est une masse qui gravite sans satellite. « Mon corps m’éloigne de vous et il me tient chaud. En un mot, il m’isole. C’est un ami et un tyran. Il n’essaie pas de se rendre aimable. » (p. 22 & 23) Ses journées sont rythmées par des repas grandioses aux allures de cérémonies et par des visites mécaniques à l’hôpital. Dans une chambre anonyme, il retrouve Mélina, inconsciente et bardée de machines. Nestor n’a nulle part d’autre où aller. « Son horizon était accroché au mur. C’était une grande photo sous cadre. » (p. 13) La solitude de Nestor s’enroule autour de la photo d’un phare rouge et blanc.

Saphoo

Une histoire qui se dévoile à petits pas feutrés. Un récit court mais qui pourtant demande une certaine lenteur pour pénétrer au cœur de la faille. Nestor rend les armes, le titre interroge. Un homme qui se calfeutre dans son obésité, se terre dans une solitude qui semble lui convenir. Seul horizon d'évasion, cette image illustrant un phare.

Clara

Nestor est obèse. Enveloppé dans sa carapace de chair, il se protège du monde. Dans son cercle magique créé par sa silhouette, il veut que rien ou personne ne puisse le faire encore souffrir.
Je le dis d’emblée, ce livre est un gros coup de cœur ! L’écriture de Clara Dupont-Monod concise, empreinte de poésie, d’une finesse rare et intense m’a conquise ! Non, ce n’est pas une distribution de bons points mais ce livre est un petit bijou ! Le corps de Nestor a commencé à grossir et à enfler car Nestor mange pour oublier sa souffrance. Son corps est une armure, une barrière visible qui le sépare du monde. La solitude est sa seule amie, sa femme se meurt sur un lit d’hôpital emmurée dans le silence du coma. L’histoire de Nestor nous est dévoilée, son exil d’argentine et le drame avant l’accident. Une vie en forme de long ruban tâché de trop de malheurs. Mais il arrive qu'une main se tende...Je ne veux pas en dire de trop sur ce livre pour que chacun puisse l’apprécier comme il se doit. Et à sa juste valeur.

J’ai ressenti de l’empathie et non de la compassion pour Nestor. D’ailleurs, Clara Dupont-Monod évite cet écueil. Alchimie magique des mots quand ils sont bien utilisés et qui amènent à la symbiose le texte et le lecteur. Un coup de cœur et j’y ai tellement inséré de marque-pages qu’il s’agit d’un livre hérisson parsemé du bonheur de l’écriture et d’émotions !