sandrine57

Depuis son divorce, Maxwell Sim est seul et déprimé. Sa femme et sa fille sont parties à l'autre bout du pays, il est brouillé avec son meilleur ami et il n'a plus la force d'aller au travail. Après un voyage à Sidney où réside son père, il rentre en Angleterre en meilleure forme, prêt à conquérir sa jeune voisine d'avion et à reprendre une activité professionnelle. Mais son plan de séduction tourne court et il ne lui reste plus qu'à accepter une proposition de travail plutôt originale. Il s'agit de traverser l'Angleterre jusqu'au bout du bout pour promouvoir une toute nouvelle brosse à dents écologique. Au volant d'une Toyota hybride dernier cri, Maxwell Sim entame un voyage en solitaire avec pour seule compagnie la voix très sexy de son GPS.

Elle est bel et bien privée la vie de Maxwell Sim, loser-né dépressif. Privée d'amour, privée de bonheur, privée de joie, privée d'amis, privée d'un peu de chaleur humaine... Maxwell Sim est seul dans un monde ultra-connecté où l'on peut être retrouvé n'importe où sur la planète, où l'on peut avoir des centaines d'amis sur Facebook, où l'on peut se créer un faux profil pour bavarder anonymement avec son ex-femme... où l'on peut tomber amoureux d'un GPS. Dans son périple vers les îles Shetland, le voyageur de commerce traverse le pays mais aussi sa vie, de rencontres improbables en retour vers le passé, de rendez-vous manqués en révélations fracassantes. Moral en berne, idées fixes, comportements absurdes, cet anti-héros fracasse son mal-être contre une modernité qui le dépasse. Et pourtant, malgré la tristesse de son personnage, Jonathan Coe réussit à le rendre attachant et touchant. Car, pour s'adapter à la société, nouer des relations véritables et sincères, il faut s'aimer un peu et pour s'aimer il faut avoir été désiré et aimé. Pour Maxwell Sim, les racines du mal sont peut-être moins dans sa difficulté à appréhender un monde qui va trop vite que dans l'héritage familial et les secrets de sa conception.
Quelques longueurs et une fin peu convaincante (quoique surprenante) font baisser la note de ce roman doux-amer, teinté de désespoir mais sauvé par la touche d'humour anglais de son auteur. Pas le meilleur Coe.