Yv
A découvrir

Recueil de très courts textes. Dix-sept en tout étalés sur quatre-vingt-six pages. Illustrés chacun par des pochoirs. Titre énigmatique s'il en est -au moins en sa toute première partie- qu'il faut vérifier deux ou trois fois après l'avoir écrit, pour savoir si l'on n'y a pas fait une petite faute. Un oubli de "s" ou de "a" est si vite arrivé...

Ces textes ont quasiment tous en commun d'avoir en titre un simple prénom ou un surnom ou un ensemble de noms propres, sauf un : Plume toi d'là qui n'est pas celui qui m'a le plus plu. J'ai aimé :

- Léocadie : "La course de Léocadie commença un soir sur les quais, c'était en 1900." (p.15) En quelques lignes (3 pages), Bérengère Cournut résume la vie tumultueuse d'une femme, ses aventures, ses amours.

- Mélanie... ou Henriette ? : "00h00, en chiffres rouges. Il fait une chaleur confortable. Ça me pique un peu le ventre, mais si je m'ajuste, la piqûre glisse, puis s'apaise." (p.19). Attention, nouvelle à chute... inattendue.

- Gaston le hanneton : la nuit mouvementée d'un hanneton dépressif.

- Schasslamitt : à ceux qui préfèrent les chiens aux chats et inversement.

- Hortense Gemperd : ""Vraiment d'une humeur de clochard aujourd'hui !" Et la petite dame au manteau noir crache sur les clous. Piaffements d'impatience sénile sur la bande podotactile du pavé surbaissé, c'est d'un oeil mauvais qu'elle guette l'apparition du bonhomme vert sous sa visière fêlée de plastique noir, façon ghetto urbain." (p.65)

- Miguel Perez : la vie mutique de Miguel et Dora.

- Pierre Meulière, l'enfant bourru (1896-?) : la précocité d'un enfant n'a pas que du bon. Et Bérengère Cournut boucle sa boucle.

Textes bien écrits avec parfois des formules intéressantes comme ce passage dans Hortense Gemperd parlant de "bande podotactile", des tournures de phrases plaisantes. L'auteure "écrit en état de veille paradoxale" (4ème de couverture). Une sorte d'écriture automatique où un mot en appelle un autre puis un autre donnant à la fin une histoire, entre surréalisme, onirisme, poésie. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on est en présence des nouvelles de l'année, mais indubitablement Bérengère Cournut a du talent. Son coéquipier dans cette aventure se nomme Donatien Mary et il signe les illustrations (dont la couverture), proches des textes, dans des tons gris-noir-parme, assez simples d'abord qui n'alourdissent pas le propos de l'auteure.

Un petit livre à glisser dans une poche et à lire tranquillement.