Michaël L.
Au coeur de l'Enfer froid...

En passant du Sud (Pacifique dans Utu et Haka ; Afrique dans Zulu ; Amérique dans Mapuche ou Paz) au Nord, l'écriture de Caryl Férey a pris de l'ampleur...
On retrouve dans Lëd son style caractéristique : direct et nerveux. Mais c'est par l'amour qu'il porte aux habitants de Norilsk que l'écrivain voyageur évolue vers plus de lyrisme et de poésie.
Norilsk. Ancien goulag stalinien, ville la plus polluée sur terre, cité minière quasi inaccessible où les températures peuvent atteindre -60°, une ville coupée du monde physiquement et semi interdite sans l'accord du FSB, bref la ville la plus pourrie au monde...
Et c'est dans cet enfer froid que débute ce roman choral, quand le corps d'un Nenets (un lapon de Russie) est découvert dans les décombres d'un immeuble.
Les thématiques chères à Caryl Férey sont bien présentes, la spoliation des peuples autochtones, la corruption politique ou les legs traumatiques de l'Histoire par exemple...
Mais c'est quand on quitte l'intrigue policière pour se concentrer sur la vie des habitants de la Cité maudite que le récit prend sens. Plus qu'un thriller, un polar ethno., ou un polar social et politique, ce qu'il est aussi, Lëd est un grand roman.