| Mégane |. Libraire

Après avoir adoré les deux premiers romans d'Alix Harrow, quel plaisir de retrouver sa plume ! Changeant complètement de style, en se lançant dans la réécriture de contes, Alix Harrow innove en nous proposant une revisite de la Belle au bois dormant. On y suit Zin, jeune femme atteinte d'une maladie incurable qui ne se laisse pas le droit d'aimer. Lorsque le jour de ses 21 ans, elle se pique le doigt à un rouet acheté par sa meilleure amie Charm, elle se retrouve projetée dans un monde de conte de fées. Elle y rencontre Primerose, princesse maudite, qui se bat contre un sommeil éternel. Et si le Prince Charmant n'était pas si charmant ? Et si Maléfique n'était pas si mauvaise ? Et si changer le cours des choses pouvait tout changer ?

Le ton très contemporain du roman mêlé à celui plus anachronique des contes de fées est très intéressant et fonctionne complètement. Il est vrai qu'au début du (court) roman, on découvre le tempérament volcanique et parfois vulgaire de Zin, mais peut-on lui en vouloir si on se met à sa place ? Elle m'a beaucoup touchée, à sa manière, et les innombrables références à la pop culture, pleines d'humour, ont allégé l'histoire, qui reste très sombre par moments. En effet, il y a nombre de non-dits, de métaphores et une très chouette réflexion aussi qui apporte une dimension à l'œuvre. Résolument féministe, Éclats dormants dénonce la condition de la femme dans les contes, son rôle passif, et nous montre aussi que, oui, même maudites, toutes les femmes ont le droit de se faire entendre, de choisir leur destin et de se battre pour ce en quoi elles croient !
Vivement la suite !