Muriel Barbery nous offre un roman étrange et poétique. C’est un récit d’atmosphère en forme de huis clos où se côtoient les morts et les vivants le temps d’une nuit dans une demeure de l’Aubrac.
L’auteure crée ainsi une unité de lieu et de temps dans laquelle dialoguent des personnages qui se sont rassemblés pour veiller à la mémoire d’un être cher, disparu depuis peu : l’écrivain néerlandais Thomas Helder. Parmi les proches du défunt, se trouve Margaux, une amie d’enfance qui a coupé les liens avec Thomas et la famille de celui-ci. Mais en ce soir d’hiver, à l’heure des obsèques, elle renoue avec chacun à travers une multitude de dialogues qui peu à peu l’amène à une prise de conscience. Le principal dialogue se tient avec Jorg, le frère aîné du défunt. Leur échange est énigmatique, un brin mystique. Il offre une réflexion philosophique et sensible sur la mort, le deuil et le pardon.
Ce roman met en scène une ronde de conversations qui évoquent l’absent et la trace qu’il laisse sur les vivants. Un récit envoûtant. L’étrangeté qui s’y dégage vous enveloppe d’un coton ouaté et vous offre quelques belles réflexions.
J’ai dû prendre un papier et un crayon pour me repérer dans les personnages. L’auteure laisse volontairement le lecteur dans un certain brouillard au début du roman.
Thomas Helder est un écrivain néerlandais qui vient d’être enterré quand le récit débute. A son enterrement se trouve son père Jan et sa mère Paule, son frère Hans et sa soeur Sanne ainsi que Jorg. Ces personnages vont tour à tour s’assoir auprès de Margaux son ex-femme qui est partie un jour en claquant la porte.
Nous découvrons ainsi petit à petit la vie de Margaux et des personnages. Très peu celle de Thomas.
J’ai aimé le personnage de Jorg, celui qui parle le plus, et qui m’a semblé le plus désabusé. Ancien stratège politique, il a eu une révélation en se baignant une nuit dans une piscine d’une cabane construite par Margaux dans un fjord reculé.
Thomas a laissé une lettre pour Margaux mais le lecteur n’en connaitra pas le contenu, l’important est ailleurs.
Il est beaucoup question de silence et de vide, mais aussi de lumière.
Thomas étant amstellodamois, la ville est omniprésente et la beauté de la neige tombant sur les canaux enchantait Thomas.
Le récit se déroule en Aubrac en plein hiver, une tempête de neige a lieu au-dehors.
Un roman à lire en plein soleil avec de la vie autour.
Un roman à l’atmosphère feutrée sur la mort et la peur du grand âge.
L’image que je retiendrai :
Celle du fauteuil dans lequel est assise Margaux avec en face d’elle Jorg sirotant un whisky.