o n l a l u
L'effet papillon

Marek Olsberg, pianiste internationalement reconnu, ne vit que pour les concerts qu’il donne aux quatre coins du monde. Marek Olsberg n’a pas de vie privée, si ce n’est de temps à autre un amant qu’il abandonne très vite, car au fond il n’aime que son piano. Aujourd’hui, il doit jouer au Philarmonique de Berlin un unique récital en partie payé par un mécène, qui pour la suite de la soirée a organisé une somptueuse réception en son honneur. Comme prévu, les places de concert se sont arrachées même si elles ont été vendues à prix d’or. Tout est donc prêt pour un moment d’exception et tout devrait bien se passer, sauf que rien ne se passe comme prévu. Au beau milieu d’une sonate de Beethoven, Marek Olsberg s’arrête brusquement de jouer, ferme son piano, murmure « C’est tout » à l’intention des spectateurs, et quitte la scène. Rideau. Ce geste tout à la fois simple et incroyable va bouleverser plusieurs vies. Celle de Marek bien sûr, qui pour la première fois de son existence s’autorise un acte de pure liberté, mais aussi celle de plusieurs autres personnes, parfois concernées d’assez loin par ce concert. Un mari volage confondu par sa femme, un serveur qui cède à une pulsion, un secret de famille dévoilé, un jeune homme paumé à qui la chance enfin sourit. Les différentes existences se croisent, tournant autour de ce point de non retour créé de toutes pièces par Marek Olsberg. C’est avec un plaisir intrigué qu’on suit la vie de ces différents personnages, et ces portraits de Berlinois d’aujourd’hui sont particulièrement réussis. On retrouve ici la sensibilité d’Alain Claude Sulzer, qui avait eu le Médicis étranger en 2008 pour son admirable " Un garçon parfait ". Son écriture, petite musique au rythme si subtil, laisse deviner les failles cachées des personnages. Surtout, Sulzer possède cette capacité à faire sortir le roman homosexuel du ghetto. Après le récit de famille d’ "Une autre époque " (2011), le voilà dans un roman choral où, comme toujours, l’homosexualité est au cœur du livre sans en être le sujet principal.

Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u