Brize

De Zadie Smith, je n’avais lu que « De la beauté », à sa sortie il y a maintenant sept ans, et ce roman où humour et humanité faisaient bon ménage fut un coup de cœur. C’est donc avec enthousiasme que je me suis lancée dans la lecture de « Ceux du Nord-Ouest ».

J’ai tout d’abord été surprise par son écriture, très différente de celle de « De la beauté », avec une volonté manifeste d’expérimentation, en mêlant notamment bribes de réalité extérieure et flux de conscience, pour un résultat qui m’a plu : j’appréciais ce recours à la Littérature pour décrire une réalité sociale actuelle. Elle nous est présentée au travers de trois personnages. Le premier est celui de Leah Hanwell. Son parcours se laisse découvrir mais Felix Cooper, évoqué ensuite, a davantage retenu mon attention.
Il reste qu’arrivée au milieu du roman, et alors même que la forme utilisée continuait à me convenir (cette fois, l’auteur optait pour une narration traitée en une longue suite de séquences numérotées), l’ennui est insidieusement venu s’installer, tandis que l’auteur revenait très longuement (150 pages) sur le troisième personnage principal, celui de Keisha/Natalie, l’amie de Leah.
C’est là que j’ai commencé à me rendre compte que, si j’étais séduite par l’écriture et par certaines remarques ou considérations captées ici ou là, il n’y avait guère qu’au personnage de Felix que j’avais un peu accroché : Leah et Natalie, quel que soit le nombre de lignes et de mots qui leur était consacré, demeuraient à distance, des personnages auxquels je ne croyais pas vraiment, si bien que leurs histoires m’apparaissaient comme manquant singulièrement de densité. Bref, tout ça pour ça …

« Ceux du Nord-Ouest » est un roman dont je crains qu’il ne me reste pas grand-chose, hormis la certitude d’avoir lu une œuvre à l’écriture particulièrement travaillée portant sur une banlieue londonienne dépeinte avec précision et réalisme. Je n’y ai, en tout cas, pas retrouvé la tonalité qui m’avait tant plu dans « De la beauté ».

Clara

"Une vaste colline traverse le nord-ouest de Londres. Elle démarre à Hamstead et s'étend à travers Kilburn, Willesden, Brondesbury, Cricklewood. La littérature la connaît bien. (..) Même Dickens s' y aventure parfois, pour boire une pinte ou enterrer quelqu'un " et il s'agit d'une ligne de démarcation non matérialisée entre quartiers riches et quartiers pauvres. Leah, Keisha devenue Natalie, Félix et Nathan ont grandi dans la cité populaire de Cadwell où l'on croise différentes nationalités. Leah et Keisha sont deux amies d'enfance. Si Leah s'est très vite laissée tenter par le sorties, l'école buissonnière, les garçons et la drogue, Keisha a vu dans les études une porte de sortie pour accéder à un autre milieu social et essayer de gommer ses origines jamaïcaines.