Arnaud B. Libraire

Ça s'ouvre comme ça ; un paysage lunaire, une salière, un record de vitesse à moto : une chute. Reno aime la vitesse. Elle a une Valera, cette moto qui est aussi une façon d'être et qui est la fierté des usines du même nom à Milan. Sandro Valera, canard boiteux de la famille, est artiste à la pointe du minimalisme à New-York. Il aime les objets, leur mécanique, les détourner de leur fonction première. Ces deux-là vont s'attirer. Mais un flingue, un appareil photo, ne seront-ils pas toujours un flingue, un appareil photo ? Les lance-flammes est fait d'à-coups : à de très belles pages d'attente au cœur des propriétés bourgeoises (qui font penser au chef-d’œuvre de Basani, Le jardin des Finzi-Contini, avec en creux la montée des actions directes des Brigades rouges), succèdent la vie artistique new-yorkaise des années 60-70 et une réflexion sur l'émergence des grandes entreprises au XX ème siècle. Des personnages profonds, la construction d'une jeune héroïne à laquelle on s'attache, une histoire virile et une trame narrative fine, tels sont les ingrédients de ce très bon roman.

Jostein
Un large roman d'initiation

» Ronnie disait que certaines femmes, ce qu’il y avait d’excessif à leur maquillage, à leurs vêtements moulants, gagnaient à être vues par la fenêtre d’une voiture qui fonçait dans les rues. Mais peut-être qu’en fait, les femmes étaient faites pour passer à toute allure, pour n’être qu’un mouvement flou derrière une vitre. Comme les Lilis. Un flash, puis plus rien. Ce n’était qu’une moto mais ça ressemblait à une manière d’être. »