Alex-Mot-à-Mots
adolescence, Etats-Unis

Tout, dans ce roman, est du roman. Certes, l’action prend corps autour de la secte de Charles Manson, mais le propos de l’auteure est ailleurs. Au contraire de "California Girl" de Simon Liberati, lu précédemment.

Le gourou est bien loin, sa pensée et son mode d’action peu présent.

Ce qui est surtout intéressant dans ce roman, c’est l’adolescente Evie qui se retrouve fascinée par un regard différent posé sur elle par Suzanne.

Et le constat de l’auteure sur l’éternel adolescent : même après quelques décennies, elles attendent toujours un regard posé sur elles.

La langue est étrange. Même si je n’ai pas relevé chaque comparaison qui m’a interpellé, je suis parfois restée pantoise devant certains rapprochements.

Je ne peux pas dire que j’ai détesté, mais je n’ai pas autant d’enthousiasme que certains lecteurs-trices. J’ai trouvé le constat de l’auteure un peu triste.

L’image que je retiendrai :

Celle du groupe mourant littéralement de faim avant le départ pour le désert.

alexmotamots.fr

Clara

1969. Californie. Agée de quatorze ans, Evie vit avec sa mère depuis la séparation de ses parents. Sa mère jusqu’alors assez réservée s’ouvre sur les autres et les influences en cours. Avec sa meilleure amie Connie, Evie mal dans sa peau tue le temps comme tout autre adolescente en attendant la rentrée. Un jour, elle aperçoit un groupe de filles qui font les poubelles, volent et ensuite s’engouffrent dans un vieux car noir. Sa rencontre avec Suzanne une des filles va marquer un tournant.

Complètement fascinée par elle, Evie la suit jusqu’au ranch où elles vivent. L’endroit n'en porte que
le nom car la réalité est autre : vieux, délabré mais Evie elle y voit une liberté, un mode de vie excitant. Les filles sont sous la houlette de Russell une sorte de gourou qu’elle vénèrent. Un monde à part avec l’alcool, les drogues, le partage des biens où il y a même des enfants. Et très vite Evie n’a qu’une seule l’envie se faire intégrer ( "j’étais une cible enthousiaste") et délaisser son quotidien bien fade en comparaison.

Alternant la narration d’Evie adulte des années plus tard et les faits de l’époque, l’emprise du groupe , les rapports, l’ambiance sont très bien rendus.
Un premier roman psychologique très maitrisé et réussi car Emma Cline nous décrit comment en quelques semaines une adolescente peut basculer en décortiquant avec précision les différents processus. La tristement célèbre affaire Charles Manson a servi de toile de fond à ce roman.

Valérie

On a beaucoup parlé de ce roman avant sa sortie parce qu'Emma Cline, qui signe ici son premier roman, a touché un à-valoir très important chez son éditeur américain et les droits de ce roman ont déjà été achetés par un producteur. L'éditrice des éditions Quai Voltaire avoue que sa première offre ayant été jugée insuffisante, elle a dû enchérir pour obtenir Emma Cline chez elle. Mais me direz-vous, ce roman vaut-il tout cet argent ? Ce n'est certainement pas à moi de le dire mais c'est un premier roman réussi, à n'en pas douter, dont l'intérêt est de rendre clairement compte du processus qui mène une jeune fille ordinaire à passer dans le camp des assassins (je ne dévoile pas grand chose, à moins que vous ne connaissiez pas l'histoire de Charles Manson et de Sharon Tate, ce dont je doute tout de même). Ce n'est pas l'acte final qui importe ici, c'est tout ce qui précède et on comprend très bien comment tout ce petit monde en arrive là. Le roman est tout de même assez différent de ce que je connais de l'histoire des meurtres de Charles Manson, qui fut condamné pour des meurtres qu'il avait commandités mais pas perpétués, car Emma Cline a le bon goût d'éviter toute référence au satanisme.

o n l a l u
Le cauchemar de l'été 69

Dès les premières pages, la tension est puissante, angoissante, omniprésente, car il n'y a aucun doute que l’histoire, inspirée d'une tragédie authentique, se terminera en bain de sang. Les meurtres perpétrés par la « famille » de Charles Manson durant l’été 1969 firent grand bruit dans le monde entier puisque parmi les victimes se trouvaient l’actrice Sharon Tate, femme de Roman Polanski, et le bébé qu’elle portait. Emma Cline, dont c’est le premier roman, se concentre sur l’avant, sur les semaines qui précèdent les crimes, et tente de comprendre ce qui a transformé ces jeunes filles éthérées en monstres sanguinaires. Elle décrit au quotidien cette commnauté décadente, toujours sous l’effet de la drogue et vivant dans l’amour absolu, la dévotion irraisonnée et déraisonnable de leur maître qui s’appelle ici Russell Hadrick.

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