Stéphane R.
Le choc des incultures.

Il y a beaucoup d'ouvrage sur la « crise de l'éducation ». Celui-ci est différent tout au moins dans sa première partie. L'auteur compare l'influence des thèses de Descartes, Rousseau et Bourdieu sur les méthodes pédagogiques pour démontrer à quel point elles ont imprégné notre système éducatif. Son analyse est brillante et originale car trouver du lien entre Bourdieu et Descartes n'est pas une évidence en soi, même si le trait est parfois un peu forcé. Néanmoins, le constat est sans appel : l'école ne sait plus transmettre et nous en sommes en grande partie responsable comme si la modernité avait tourné le dos à la culture en pratiquant une destruction libératrice, l'orgueil d'une post modernité qui ne veut être précédé de rien. Sans doute avons-nous imaginé que cet interdit de transmettre ferait place à un nouveau dynamise que l'auteur réfute. C'est peut-être là que sa démonstration devient moins pertinente, car sa deuxième partie est nettement plus classique et moins aboutie que la précédente. En effet si l'éducation perd pied depuis 30 à 40 ans, c'est aussi parce qu'elle n'a pas su prendre le virage de la démocratisation de l'enseignement et la confondu avec la massification. Contrairement à ce que pense l'auteur sans le démontrer d'ailleurs, la transmission des connaissances ne peut plus se faire comme avant compte tenu du public très hétéroclite accueilli dans les écoles. Il aurait pu envisager dans une troisième partie de comparer la méthode d'apprentissage par transmission avec les autres théories de l'apprentissage comme le béhaviorisme ou le socio constructiviste, ce qui aurait permis de démontrer que les résultats ne sont pas meilleurs en définitive. Force est de constater que les nouvelles méthodes pédagogiques ne fonctionnent pas non plus : l’élève par essence n'est pas un être motivé par le savoir à part quelques exceptions (il faudrait peut-être s’interroger sur ce constat) il n'est pas capable seul d'organiser les conditions de son apprentissage, il ne sait pas et ne peut travailler et apprendre seul sans l’aide d’une médiation. Nous sommes donc dans une impasse dans laquelle s’engouffre l’inculture. Et ce qui devait arriver arriva : « l’homme sans culture semble étranger de sa propre humanité ».