Yv

C'est ma première rencontre avec Jonas Jonasson tant connu un peu partout pour "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" ou "L'analphabète qui savait compter". Et je dois dire que dès les premières lignes, j'ai vu une parenté évidente avec l'excellent auteur finlandais Arto Paasilinna et que j'ai pris le même plaisir à le lire, au début au moins... parce qu'à un certain moment, j'ai quand même trouvé qu'il allongeait un peu la sauce sans lui apporter de saveur supplémentaire : les quatre-vingts premières pages sont drôles, enlevées, puis ça se dégrade parce que ça tire en longueur (environ quatre-vingts pages itou), et puis, ça repart pour ne plus s'arrêter, jusqu'à la fin, la page 380. Tout est absolument loufoque, pas crédible et l'on sourit beaucoup, voire même on peut rire à des dialogues fous ou des descriptions décalées. Le procédé dont use Jonas Jonasson est connu : il joue avec les niveaux de langage, les dialogues sont plutôt dans le familier, l'argotique et les descriptions plutôt dans le soutenu et même plus elles parlent de trivialités, plus elles sont bien écrites, le décalage est donc complet et ça fonctionne parfaitement.

"- J'ai rencontré Jésus ! C'est trop dur à piger, ça ? Et du coup, vous m'avez mis dans la merde !

Le pasteur interrompit l'embryon de querelle qu'ils n'avaient pas le temps de développer. Elle ne réfuta pas le résumé que venait de brosser Dédé, même si elle trouvait qu'il aurait pu employer un autre langage." (p.123)

En filigrane et quasiment tout au long du livre quand même, Jonas Jonasson critique la religion qui longtemps fut en Suède religion d'état, qui ne l'est plus depuis seulement l'année 2000. Il se moque, parodie l'église et son besoin d'argent, les églises de tout genre qui peuvent ouvrir et se revendiquer comme telles, ce qu'en France, on appellerait sectes.

Ce n'est sans doute pas le roman du siècle, certes non, mais je ne doute pas qu'il trouve un écho auprès des lecteurs et je le comprends bien, j'avoue moi-même avoir passé un très bon moment en Suède. Ne boudons pas notre plaisir, un roman drôle qui nous fait oublier quelques instants le quotidien, ça mérite largement le détour, comme une bonne comédie au cinéma.