o n l a l u
Psychologie et fish and chips

Comment Elizabeth George arrive-t-elle à se renouveler livre après livre (c’est son vingt-et unième titre)?  Comment parvient-elle à maintenir cette exigence dans la construction de ses enquêtes, toujours aussi sophistiquées ? Au fil des années, si elle explore de manière de plus en plus intime la vie de ses personnages (devenus pour ainsi dire des amis pour les lecteurs qui la suivent depuis ses débuts), elle a réussi à gagner en légèreté. Elle n’hésite plus à pimenter ses intrigues de quelques pincées d’humour bienvenues grâce, notamment, au sergent Barbara Havers, qui place le fish and chips au sommet de la gastronomie et n’entre jamais en matière à moins de 500 calories la bouchée.

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sandrine57

Depuis ses frasques en Toscane, le sergent Barbara Havers vit sous la menace d'une mutation dans un obscur bourg du Nord de l'Angleterre. Aussi se tient-elle coite, soucieuse de plaire à la commissaire Isabelle Ardery et de prouver qu'elle peut ''rester dans les clous''. Mais cette nouvelle personnalité policée ne convient pas à l'inspecteur Lynley qui regrette la fougue de sa coéquipière. Grâce à quelques manœuvres, il réussit à convaincre Isabelle d'envoyer Barbara dans le Dorset, lieu de résidence de l'auteure et militante féministe Clare Abbott dont elle vient de découvrir l'empoisonnement déguisé en crise cardiaque.
Chaperonnée par le sergent Nkata qui a ordre de ne pas la quitter d'une semelle, Barbara arrive donc à Shaftesbury pour élucider ce meurtre, dans le respect le plus strict de la procédure. Ce faisant, elle entre dans l'intimité de Caroline Goldacre, l'assistante de la victime, une femme exubérante qui pleure encore, trois ans après le drame, le suicide de son fils Will, tout en couvant son aîné Charlie, anéanti lui aussi par la mort de son frère, au point d'avoir perdu femme et emploi...Une enquête longue et compliquée pour une Barbara sous pression.

Dix-neuvième (et dernière en date) enquête pour les policiers sous les ordres de la commissaire Ardery. Entre Londres et le Dorset, on plnge dans les secrets, mensonges et méandres d'une famille dysfonctionelle marquée par le suicide du fils cadet, Will, le fragile paysagiste atteint de logorrhée verbale. C'est la mère, Caroline, immédiatement antipathique, qui préside aux destinées des siens, mère poule qui ne vit que pour ses enfants, prête à tous les sacrifices pour le bonheur de ses fils. Personnage central du roman, elle propose au lecteur toute une gamme de graves problèmes psychologiques, toute à la fois perverse narcissique, passive-agressive, auto-victimisante, harceleuse, manipulatrice, mère abusive et mythomane compulsive. Autour d'elle, une famille en souffrance : Will qui s'est jeté du haut d'une falaise, Lily sa petite-amie qui a assisté à son suicide, Charlie quitté par sa femme India qui aimerait se reconstruire auprès de Nat sans arriver à se défaire de l'emprise de sa belle-famille, Allistair son deuxième époux, fatigué de cette femme qu'il idolâtrait et qui trouve une nouvelle jeunesse dans les bras de sa principale collaboratrice.
A Barbara et Winston de démêler le vrai du faux et de tirer sur les fils emmêlés qui lient toutes ces personnes et ont conduit à la mort de Clare, l'employeur de Caroline...
Côté vie privée, Lynley, de plus en plus absent au fil des opus, tente d'apprivoiser Dairdre, la vétérinaire dont il pourrait tomber amoureux. Barbara, privée de Haddiyah et Azhar, se sent seule mais est prise en mains par Dorothea la très chic secrétaire du service qui s'est mis en tête de lui trouver un homme. Peut-être n'aura-t-elle pas à s'investir dans ce dur labeur, la fin du roman réservant une petite surprise au sergent et l'espoir chez le lecteur d'une éventuelle romance à venir...
En bref, ce tome est excellent, passionnant, addictif. Le seul problème est la longue attente qui se profile jusqu'au prochain.