Dephine L. Libraire

Formule magique, précepte ou injonction, "Soyez imprudents les enfants" est un roman généalogique puissant ou l'ennui de l'enfance promet d'être balayé par le tumulte de la vie.
Une fois de plus, Véronique Ovaldé fait le pari de l'adolescence comme le théâtre de tous les possibles ou se joue le destin d'Atanasia Bartolome.

Clara

A treize ans, Atanasia Bartolome découvre lors d’une sortie scolaire un tableau qui l’émeut profondément. Celle pour qui "juste avant cette exposition tout était immobile et pétrifié" veut en savoir plus sur le peintre Roberto Diaz Uribe qui semble d’être volatilisé depuis plusieurs années. Après avoir contemplé ce tableau, la vie d'Atanasia se focalise sur ce peintre. Si le nom du peintre semble tabou pour ses parents, à dix-huit ans elle part à Paris pour étudier où un professeur d’origine russe s’intéresse de très près à Roberto Diaz Uribe.

Indéniablement, on retrouve dans ce roman l’écriture singulière de Véronique Olvadé. Enchanteresse, fantasque où elle déploie une narration qui passe aisément de "je" à "elle".
La quête d’Anastasia nous entraine sur les traces de la mission Voulet-Chanoine au Tchad ou encore au Brésil. Car sa recherche a dépassé son but initial et elle remonte les branches familiales.
Un récit émaillé de digressions qui bout à bout se rejoignent, une ambiance qui oscille entre réalité et fable, un univers où l'art et l'imprudence comptent avec des personnages féminins souvent hauts en couleurs.
Mais trop souvent, je me suis retrouvée perdue en me demandant où l'auteure voulait me conduire.
Et même si la fin m’a permise de me raccrocher à l'histoire, c’est une lecture manquée pour moi.

"L'exposition qui fut à Bilbao, l'un des événements de ce mois juin 1983 fut considérée par beaucoup comme une provocation. Elle s'intitulait Mon corps mis à nu. Elle disait en effet qu'on pouvait de nouveau monter en Espagne les corps, la chair, leur beauté et leur effondrement et qu'on allait mettre de côté les tableaux tauromachiques. Elle présentait des toiles de Schiele, Bacon, Freud, Picasso et une toile monumentale de Roberto Diaz Uribe.
J'avais treize ans.
Je ne connaissais rien à rien. Seulement le temps long de la dictature, sa queue de comète, et la mémoire tronquée."