L'animal : ni homme, ni objet, quel statut philosophique ?

L’homme a depuis longtemps construit la définition de son humanité par différence et en opposition à la figure de l’animal : appartenant comme lui au règne du vivant, et de la Nature, l’homme est cependant celui qui s’est arraché à ce mode d’existence et a prétendu justifier sa domination, son utilisation, de la nature et de l’animal. L’animal représente en un sens l’origine de l’homme, censément dépassée par la civilisation qui travaille contre la bestialité à refouler et qui a façonné l’humanité par la raison, le langage, la vie sociale, la morale ; se penser comme un humain, c’est se différencier de cet autre animal que l’on n’est pas. Mais l’animal tend à être aussi une figure de l’altérité absolue, ravalée au rang de moyen – sans être véritablement un objet, il ne saurait être une personne : l’animal tend ainsi à englober finalement l’ensemble des vivants contre lesquels l’homme et la culture autorisent explicitement la violence, la mise à mort, la consommation. L’animal est-il absolument étranger à l’espace de nos responsabilités éthiques ? Sans effacer les frontières de l’humanité et de l’animalité, peut-on repenser leur fonctionnement et les partages qui en découlent ?