Les prix littéraires 2020 ⭐

Membre du jury du prix Goncourt, auteur notamment du livre du Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature chez Plon, Pierre Assouline nous confie les coulisses du prestigieux prix Goncourt !

• Pourriez-vous nous décrire l’ambition du Prix Goncourt ? •

L’ambition de l’Académie Goncourt est tout à la fois de refléter à son meilleur l’année littéraire en cours et ses tendances, et in fine de couronner un livre de fiction rédigé en prose, si possible écrit par un jeune auteur, populaire mais de qualité, fidèle à un certain naturalisme originel et à l’esprit sinon à la lettre du testament des frères Goncourt.

• Quel sentiment vous envahit lorsque vous devez travailler à élaborer la première liste du Goncourt ? •

Je pense prioritairement à tout ce qui a été énoncé plus haut en n’oubliant pas, tout de même, de faire figurer un roman dont on pourrait penser a priori (mais l’erreur est humaine) qu’il séduirait particulièrement les jurés du Goncourt des lycéens.

• Vous êtes membre du Prix Goncourt depuis 2012, vos favoris du début ont-ils déjà reçu la consécration suprême ? •

J’ai eu cette chance et connu ce bonheur de voir mon choix confirmé dans la dernière ligne droite « presque » chaque année.

• Comment définiriez-vous la rentrée littéraire 2020 ? A-t-elle une saveur particulière ? •

Il n’y a pas de mauvaise rentrée littéraire ou de rentrée médiocre. D’une part parce qu’on ne nous fera pas croire qu’il n’y a pas immanquablement des pépites parmi quelques centaines de romans, d’autre part parce que la rentrée de littérature étrangère traduite nous amène le meilleur de ce qui se publie dans le monde. Je ne crois pas trop aux thèmes et aux tendances. Ce sont là des artifices de journalistes qui rêvent de catégories où ranger tout ça. Dès que quatre romans sont annoncés sur les rapports père-fils, ils en font une tente de la rentrée alors qu’il y en a chaque année ! Le plus dangereux, c’est l’auteur qui vitrifie la rentrée, le roman dont tout le monde parle et que tout le monde va acheter les yeux fermés sans s’intéresser aux autres. Appelons cela « l’effet Houellebecq » et déplorons-le...