Livres Histoire et Géographie Histoire Seconde guerre mondiale Nuremberg face à l'histoire, face à l'histoire François Delpla
Livres Histoire et Géographie Histoire Seconde guerre mondiale Nuremberg face à l'histoire, face à l'histoire François Delpla

Présentation

DU MÊME AUTEUR

Le Journal d'Anna, roman, Phébus, 1990.

Les Papiers secrets du général Doumenc, Orban, 1992.

Churchill et les Français, Plon, 1993 ; Ostwald/Polygone, 2000.

Montoire, Albin Michel, 1995.

Aubrac, les faits et la calomnie, Le Temps des Cerises, 1997.

La Ruse nazie, France Empire, 1997.

Hitler, Grasset, 1997.

L'Appel du 18 juin 1940, Grasset, 2000.

La Face cachée de 1940. Comment Churchill réussit à prolonger la partie, F.-X. de Guibert, 2003.

La Libération de la France, avec Jacques Baumel, L'Archipel, 2004.

Les Tentatrices du diable. Hitler, la part des femmes, L'Archipel, 2005.

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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1306-7

Copyright © L'Archipel, 2006.

NOTE LIMINAIRE

Dans un couloir du palais de justice de Nuremberg, deux étrangères élégamment vêtues devisent pendant une suspension d'audience. Le tribunal est en train d'examiner la préparation de l'Anschluss (l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en mars 1938) et la suite de ce débat vient d'être reportée à la séance du matin suivant. L'une des dames demande à l'autre si elle revient le lendemain et s'entend répondre :

— Bien sûr ma chère, j'ai tellement envie de savoir comment cette agression s'est terminée...

L'anecdote est drôle. Instructive. Et quasi inconnue. Car elle a eu pour témoin un membre de la délégation soviétique1 et les souvenirs de ces personnes ont été peu diffusés, pendant comme après la guerre froide, non seulement en Occident, mais en Russie même.

L'histoire de toute question internationale, si elle veut s'affranchir de la passion et rompre avec la propagande, doit tenir compte des sources et des points de vue de l'ensemble des pays concernés. Suivant ce principe, l'histoire ne s'était pas encore occupée du procès de Nuremberg et, en ce sens, cet essai est le premier2.

Cependant, à la fois par souci de concision, pour limiter les répétitions et pour une raison de fond qu'on découvrira au cours de la lecture, le point de vue américain a été privilégié (non point dans la documentation, mais dans l'exposé). Le film soviétique de 1947 choisi comme illustration visuelle et sonore, sous la forme d'un DVD, offre un contrepoint indispensable.

1. Anatoli Poltorak, chef du secrétariat, qui la raconte à la page 18 de son livre Le Procès de Nuremberg, Moscou, Éditions du Progrès, 1969.

2. S'il existe une littérature militante, journalistique et juridique abondante et souvent précieuse, je ne connais que deux livres d'historiens universitaires qui se soient attaqués au sujet : un résumé rapide des enjeux et des faits dû à Annette Wieviorka (Le Procès de Nuremberg, Éditions du mémorial de Caen, 1995) et un recueil des principaux documents, brièvement introduit, dû à Michael Marrus : The Nuremberg War Crimes Trial, 1945-1946, Boston, St. Martin's Press, 1997. Annette Wieviorka a par ailleurs dirigé la publication des actes d'un colloque tenu au mémorial de Caen en 1995 : Les Procès de Nuremberg et de Tokyo, Bruxelles, Complexe, 1996.

Introduction

Churchill, écrivant le 8 mai 1945 à son épouse en visite au Kremlin, lui demande de féliciter Staline pour sa contribution à la défaite du « tyran nazi ». En réponse, le maréchal congratule le Premier ministre anglais, ses armées et son peuple pour la victoire contre « l'ennemi commun : l'impérialisme germanique ». Quant à Harry Truman, qui a succédé depuis peu au président Roosevelt, il déclare à l'annonce de la capitulation allemande que les armées victorieuses ont libéré le monde occidental des « forces du mal » qui avaient, pendant des années, « emprisonné les corps et brisé les vies » de millions de personnes, « violé leurs églises, détruit leurs maisons, corrompu leurs enfants et tué leurs êtres chers ».

Pour Churchill, un tyran a été vaincu. Pour Staline, un impérialisme. Pour Truman, l'enfer tout entier ! Mais chacun, dans son langage, affirme qu'une puissance malfaisante a été jetée à bas.

Reste à régler le sort de ses dirigeants. Après bien des palabres, on vient de décider, quelques jours avant ce Victory in Europe Day, de faire juger ceux qui sont tombés vivants entre les mains des Alliés par un tribunal militaire international. C'est une innovation radicale, la condition de chef d'État ou de ministre ayant toujours, auparavant, procuré une immunité pénale pour les actes commis dans le cadre de ces fonctions, sinon çà et là sous l'effet de passions révolutionnaires : les décapitations de Charles Ier d'Angleterre ou de Louis XVI de France étaient peu propres à faire jurisprudence. De même, les ordres des États à leurs ressortissants mettaient ceux-ci à l'abri des poursuites, en fait sinon en théorie, s'ils étaient exactement suivis.

Ce procès, dont on espérait voir la fin au bout de quelques semaines, va se terminer un an et demi plus tard : la recherche des preuves et leur examen contradictoire ont demandé beaucoup plus de temps que prévu. À l'innovation judiciaire fait donc pendant une révolution historiographique : aucun gouvernement n'avait vu ses archives disséquées sur la place publique si tôt après sa fin. Mais Clio reçut là un cadeau ambigu. Les procureurs ne sont pas des historiens – pas plus dans leur façon de collecter les documents ou les témoignages que dans le traitement qu'ils leur appliquent. Le chief prosecutor américain Robert Jackson, qui a joué un rôle prépondérant dans la période préparatoire, en donne des exemples éloquents à l'occasion de sa déclaration liminaire du 21 novembre 1945, au lendemain de l'ouverture des débats de Nuremberg :

– soucieux de ne pas prêter le flanc à une accusation de partialité il n'a retenu, pour fonder ses poursuites, que des documents allemands ;

– il n'estime pas très intéressant de savoir comment le feu a pris au Reichstag le 27 février 1933, le « point significatif » étant que les nazis ont exploité cet incendie pour installer leur dictature ;

– il renonce à se demander quelles étaient les ambitions territoriales de ces conquérants, toute guerre d'agression constituant un crime.

Chacune de ces affirmations est de nature à faire bondir les praticiens de l'histoire et leurs lecteurs, du moins les plus exigeants :

– toute étude mettant en cause différents pays doit chercher le plus possible sa documentation, à parts égales, dans chacun d'eux : c'est en partant de ce principe et en l'enseignant à ses disciples que l'historien français Pierre Renouvin, insatisfait de ses propres idées sur la genèse de la Première Guerre mondiale, avait fait faire de gros progrès à l'histoire des relations internationales entre 1930 et 1970 ;

– pour l'historien, il n'est pas tout à fait équivalent que le gouvernement mis en place à Berlin le 30 janvier 1933 ait commis lui-même quatre semaines plus tard un attentat pour justifier la suspension de toutes les libertés1, ou qu'un opposant lui ait, en toute indépendance, fait cadeau de ce prétexte ;

– pour écrire l'histoire du nazisme, il est essentiel de savoir si ses promoteurs ont fait une erreur de calcul en sous-estimant les forces qui allaient s'opposer à leurs entreprises, ou s'ils étaient des fous furieux sans but précis, incapables de s'arrêter tant qu'ils n'auraient pas tout dominé ou tout détruit.

Mais, en dépit d'une logique qui s'écarte souvent (et dans ces trois exemples, diamétralement) de celle de l'historien, les débats du prétoire, lorsqu'ils bénéficient d'une débauche de moyens et de publicité, tendent à imposer une version des événements dont les historiens ont toutes les peines du monde à écarter l'influence, qu'ils s'abandonnent au courant ou qu'ils luttent contre lui. Hitler, ses auxiliaires de tout rang, les milices SA et SS, les guerres d'agression et les génocides, ont vu leur image durablement fixée au cours des assises tenues pendant onze mois dans la capitale franconienne, devant la presse du monde entier. Magistrats et journalistes étaient complices, consciemment ou non, de la sélection parfois arbitraire d...

Caractéristiques

EAN13 9782841877812
ISBN 978-2-84187-781-2
Éditeur Archipel
Date de publication
Collection Histoire
Nombre de pages 356
Dimensions 10 x 10 x 2 cm
Poids 100 g
Langue français
Code dewey 341.69026843
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