Not in Love

𝑵𝒐𝒕 𝒊𝒏 𝑳𝒐𝒗𝒆 n’est pas comme les autres romans qu’Ali Hazelwood a pu écrire jusqu’à présent. Non seulement il ne peut entrer dans la catégorie « comédie romantique » mais en plus, il se place plutôt dans une veine de romans contemporains qui abordent, par le biais d’une romance, des sujets plus complexes. L’humour et la légèreté auxquels nous sommes habitués s’atténuent pour laisser la place à un ouvrage un peu plus sombre, un peu plus déchirant.

Rue est un personnage féminin très particulier si bien qu’il nous est difficile de parvenir à la cerner dans les premiers chapitres. Et donc, difficile de s’attacher à elle aussi. Son schéma émotionnel diffère et elle peut parfois donner l’impression d’agir tout le temps avec une froide indifférence. Les relations longues avec un homme, elle ne connaît pas et elle n’en veut pas. Le sexe semble être son seul moyen d’expression et encore, là, elle parvient à le traiter de manière très apathique. Cependant, Rue connaît la reconnaissance et la loyauté pour les personnes qui ont su lui venir en aide lorsqu’elle était dans la difficulté. Mais encore une fois, elle pèche à faire confiance aux mauvaises personnes.

Eli, quant à lui, est un soleil qui brille fort et qui réchauffe les cœur. Il a un peu de tous les autres personnages masculins de l’autrice en lui tout en parvenant à s’incarner dans ses différences. Il est gentil, profondément bienveillant et sûr de ce qu’il veut dans la vie. Et même si ses ambitions peuvent parfois porter à confusion dans leur nature bonne ou mauvaise, il n’hésite pas à laisser tomber ses quêtes vengeresses pour les personnes qu’il aime. Il fait preuve d’une belle capacité à prendre du recul sur lui-même et surtout, il sait cuisiner 😉

La relation qui se tisse entre Rue et Eli est à la fois belle et déchirante. On en veut à Rue de ne pas offrir à Eli l’amour et l’attention qu’il mérite vraiment. Et à la fois, l’évolution de son personnage au fil des pages et au contact d’Eli nous donne espoir quant au fait qu’elle puisse enfin sortir de son apathie. Parce que Rue est en réalité brisée par une enfance difficile durant laquelle elle a connu la faim, cassée par un manque de présence parentale fiable lorsqu’elle était jeune, écrasée par des responsabilités et une culpabilité qui l’empêchent de s’épanouir dans une vie d’adulte.

Ce roman est beau, bouleversant, terrible et à la fois si doux dans l’espoir qu’il donne. L’intrigue, les quiproquos, les manques d’issues parfois à certains arcs narratifs nous tiennent en haleine et Ali Hazelwood parvient à exploser tous nos pronostics. Un 3rd act breakup qui n’en est pas vraiment un, pour cela, il aurait fallu que Rue et Eli soient dans une vraie relation… Mais qui pousse Rue dans ses retranchements, dans l’émergence de ses envies et ses désirs les plus profonds.

Un nouveau roman bluffant, probablement le meilleur de l’autrice !