Francis de Miomandre un Goncourt oublié

Présentation

Francis de Miomandre (1880-1959), sixième lauréat du prix Goncourt, auteur d’une oeuvre curieuse et abondante, premier traducteur de grands textes de la littérature hispanique (Asturias, Unamuno, Cervantès…) est aujourd’hui complètement oublié. Ce dandy, ami fidèle de Gide, Suarès, Larbaud, Breton, Supervielle, Desnos, Milosz, Soupault, Claudel et de beaucoup d’autres, fut le témoin des aventures littéraires du XXe siècle, toujours présent, fêté, jusqu’aux dures années d’après-guerre, à Paris, où on commença à le mettre à l’écart parce qu’il incarnait trop le vieux siècle précieux. Il a fallu la passion d’un jeune homme curieux, Remi Rousselot, pour chercher dans les archives déposées dans la salle Cervantès de la Bibliothèque nationale d’Espagne, et suivre le fil de cette vie à travers la Première Guerre mondiale, les années folles à Paris et sur la côte basque, les salons littéraires, la guerre d’Espagne et enfin la Deuxième Guerre et le retour à Paris. Parallèlement, paraît, dans la collection Minos, Écrit sur de l’eau, le roman qui obtint le prix Goncourt en 1908.

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P.-S.
« Apprenant son succès, Francis aurait filé place Vendôme acheter trois cravates de soie blanche. Il dépense son argent. Il fait la noce. Il retrouve ses amis. Il s’attendait à tout, sauf à ça : doubler Henri Barbusse, Amédée Rouquès et Jean Viollis.
Miomandre se souvient également de cette anecdote croustillante, qui montre, s’il le fallait, combien ni lui ni même son imprimeur n’étaient pas préparés au succès, malgré l’enthousiasme :
“Quand j’eus le prix Goncourt, en 1908, il en restait 12 [exemplaires, sur le tirage de 500], qui furent vendus en une heure. Sicard et son imprimeur se précipitèrent à Paris, car ils n’étaient pas outillés pour la réimpression. Mais les plaisirs de Paris leur firent oublier mon bouquin. Au bout de quinze jours, un soir qu’ils descendaient de Montmartre ils me dirent : ‘Nous n’avons pas eu le temps de nous en occuper…’ Quand on réimprima, il était trop tard. Il fallut sept ans pour vendre trois mille exemplaires. D’ailleurs, trois mille, c’était alors un beau tirage.”
Maurice Martin du Gard rapporte que Sicard et l’imprimeur Mistral, de Cavaillon, offrirent à Francis, peut-être pour se faire pardonner, une cravate rouge et verte. Décidément, les cravates... »