Présentation
DU MÊME AUTEUR
Le Journal d'Anna, roman, Phébus, 1990.
Les Papiers secrets du général Doumenc, Orban, 1992.
Churchill et les Français, Plon, 1993 ; Ostwald/Polygone, 2000.
Montoire, Albin Michel, 1995.
Aubrac, les faits et la calomnie, Le Temps des Cerises, 1997.
La Ruse nazie, France Empire, 1997.
Hitler, Grasset, 1997.
L'Appel du 18 juin 1940, Grasset, 2000.
La Face cachée de 1940. Comment Churchill réussit à prolonger la partie, F.-X. de Guibert, 2003.
La Libération de la France, avec Jacques Baumel, L'Archipel, 2004.
Churchill et Hitler, Connaissances et Savoirs, septembre 2005.
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Montréal, Québec, H3N 1W3.
eISBN 978-2-8098-1327-2
Copyright © L'Archipel, 2005.
Avant-propos
Dans un livre récent regroupant des interviews de descendants de dirigeants nazis, on peut lire :
Curieusement, ces histoires semblent très loin de nous. Certes, les historiens ont exploré tous les recoins du Troisième Reich, mais on a parfois l'impression qu'en prenant connaissance des faits, personne n'a voulu voir réellement la substance humaine de ces histoires de criminels. D'ailleurs, ce fut longtemps le cas des histoires de victimes également1.
En sorte que la personnalité des dirigeants reste dans l'ombre, ou plutôt dans une lumière déformante qui, concentrée sur quelques traits, en masque d'autres, pourtant essentiels :
Les acteurs des crimes. C'est comme s'ils avaient été avalés par le brouillard et l'horreur qui furent répandus collectivement sur ces années sombres. Personne n'a voulu y aller voir, personne n'a voulu savoir si ces personnages sombres ne possédaient pas quelques-unes des caractéristiques que nous ne connaissons tous que trop bien. On pensait que la meilleure façon de se débarrasser de ces fantômes était de les enfermer dans une sorte d'horrible documentaire historique.
Cependant l'auteur de ces lignes lumineuses, Stefan Lebert, écrit un peu plus loin que Baldur von Schirach (créateur des Jeunesses hitlériennes et père de quelques-uns des personnages interviewés) avait dû batailler ferme à la fin des années 1920 pour convaincre Hitler de développer le mouvement nazi dans les universités : « Hitler fut tout d'abord sceptique, car il détestait tout ce qui était intellectuel2. » Or le chef nazi était doué pour la politique et possédait au plus haut degré la capacité qui seule, dans les sociétés développées, ouvre le chemin du pouvoir, de flatter simultanément les aspirations de diverses couches sociales. Aussi, bien avant de connaître, en 1925, l'étudiant Schirach, ce lecteur boulimique fréquentait-il des intellectuels, d'un certain bord sans doute, mais cultivés et reconnus comme tels. Il suffira de citer Dietrich Eckart, dont la traduction d'Ibsen continue d'être jouée, ou Karl Haushofer, le disciple le plus fécond du géographe Friedrich Ratzel. Mieux encore : un étudiant nommé Rudolf Hess, auditeur passionné des cours de Haushofer, avait adhéré au parti nazi en 1920 et Hitler l'avait chargé de fonder un cercle nazi dans son université3.
Tout se passe donc comme si, dès qu'il est question de Hitler, Lebert faiblissait dans l'effort qu'il préconise : s'il traite ses compagnons comme des êtres humains, il maintient sa personne dans un univers manichéen de carton-pâte. Il s'inscrit ce faisant dans une longue tradition, initiée dès le début du nazisme par certains journalistes. Elle consiste à ne voir en lui qu'une brute, dont les réussites sont dues à la chance ou à ses conseillers, ce qui d'ailleurs revient au même car cette école ne lui reconnaît pas non plus, dans le choix de ses collaborateurs, la moindre compétence ou le plus léger flair.
L'ambition du présent livre est donc d'intégrer Hitler lui-même au processus préconisé par Lebert. Il ne s'agit pas de le faire paraître plus humain, puisque cet adjectif signifie « généreux » ou « accessible à la pitié », qu'il se défend de l'être et qu'il y réussit fort bien, mais de le réintégrer dans l'espèce dont il fait partie et dont il condense la noirceur potentielle. Avant de donner la mort et de se l'infliger à lui-même, il a aimé la vie et beaucoup attendu d'elle. Méprisant toute idée de survie après le trépas, il prétendait consacrer son passage sur terre à un remodelage qui permît aux forts de s'épanouir et aux esclaves mêmes de trouver un certain bonheur dans l'acceptation de leur condition.
L'entreprise relève du fantasme. De tous les superlatifs qu'on applique au dictateur nazi, le plus mérité est peut-être celui-ci : parmi les conquérants connus, il est celui qui se laisse le plus gouverner par le désir. Voilà qui pose d'emblée la question de sa sexualité. Serait-elle entièrement sublimée dans son projet politique ? Une réponse négative s'impose : de l'enfance au suicide, la compagnie de la femme est recherchée. Disons aussi d'emblée que la thèse de son homosexualité, souvent évoquée par ses adversaires, n'est absolument pas étayée et que si elle a été récemment affirmée par un historien très érudit, sa méthode vaut démonstration du contraire, par l'absurde : il se borne à recenser dès son plus jeune âge ses camaraderies masculines et à extrapoler les documents et les témoignages qui font état de conversations ou de distractions ordinaires, en supposant qu'elles étaient l'occasion d'étreintes ou au moins de désirs. Il n'en apporte pas plus la preuve qu'il ne découvre, dans la biographie de ces amants (ou soupirants, ou objets de désir) présumés, une inclination envers d'autres personnes du même sexe4.
Hitler refuse certes de se lier de trop près à une femme. Cependant, cette attitude n'est attestée qu'à partir du moment où il voue sa vie à la revanche de l'Allemagne contre ses vainqueurs de 1918. Et si, auparavant, il ne noue pas de relation sérieuse, c'est pour une raison qui, s'agissant de tout autre, serait jugée honorable : il veut s'assurer d'abord une situation, et il n'a que vingt-cinq ans en 1914, quand la guerre lui dicte d'autres urgences. Il fait donc bien le sacrifice d'un bonheur bourgeois, dont il a longtemps caressé l'idée, à la mission politique dont il se croit investi.
Le nazisme étant une entreprise malfaisante, dirigée par un homme des plus autoritaires, il n'est guère étonnant que se développent, au sujet des penchants sentimentaux de Hitler ou de ses pratiques sexuelles, des rumeurs assez variées. Car le bien et le mal sont loin, dans ces matières, de faire l'objet d'un accord unanime et chacun est porté à mesurer le mal nazi à l'aune de ses idéaux ou de ses phobies : si Hitler n'est pas homosexuel, il sera pour certains un don Juan5, pour d'autres un impuissant, voire un être exempt de tout désir, pour d'autres encore un sadomasochiste, une petite touche de scatophilie étant ajoutée çà et là. Ces imputations ne nous instruisent que sur leurs auteurs, même lorsqu'ils se piquent de science. Nous ne les croiserons dans cette étude que si, contemporains de Hitler, ils ont contribué à brouiller les enjeux véritables, comme Otto Strasser, Ernst Hanfstaengl ou encore, sur un tout autre plan, Thomas Mann.
Il s'ensuit qu'il y a encore sur notre sujet bien peu d'études historiques, si l'on définit l'historien comme celui qui, embrassant la totalité des sources disponibles, s'efforce de les hiérarchiser et de les combiner de façon rigoureuse, afin de dégager des conclusions claires. Malgré un important travail de défrichage mené en Allemagne et en Autriche au cours des dix dernières années6, on en reste presque toujours à des visions sélectives, éliminant arbitrairement ce qui ne s'accorde pas avec une théorie préétablie, ou à une juxtaposition peu conclusive de versions incompatibles. D'autre part, les auteurs de ces travaux se contentent d'aligner des monographies au sein d'un même volume ou dans des livres indépendants, et aucune synthèse sur la vie affective du Führer n'est parue depuis longtemps. On trouvera ici, par ordre...
Caractéristiques
EAN13 | 9782841876839 |
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ISBN | 978-2-84187-683-9 |
Éditeur | Archipel |
Date de publication | 4 mai 2011 |
Collection | Histoire |
Nombre de pages | 300 |
Dimensions | 1 x 1 x 1 cm |
Poids | 100 g |
Langue | français |
Code dewey | 943.086 |
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