Un certain panache

  • Florence R. Libraire
    Un certain panache

    Le narrateur, écrivain de son état vit chichement sur une pénichette à deux pas de la gare de Nantes. Un peu désabusé, et surtout fort drôle, notre bonhomme va s'intéresser de près à la vie de son arrière-grand-oncle, Francesco de Martini, au point d'en dresser un portrait haut en couleurs. Un homme curieux sans nul doute, un brin casse-cou, qui aime bien bourlinguer. L'occasion pour le narrateur de raconter sa famille et de nous présenter sa grand-mère, autre personnage incroyable, doté d'un sacré tempérament.
    Un roman pas banal, tendre et sans esbroufe, tant l'auteur s'amuse de digressions en tout genre, parfois triviales, souvent truculentes. Et c'est vrai qu'on aurait bien volontiers goûté, nous aussi, au "rôti-patates" de feu sa grand-mère. A bon entendeur..

Ravageur

  • Florence R. Libraire
    Ravageur

    Ben Lerner nous propulse au sein de la famille Gordon à Topeka au Kansas. Le père est psychologue, la mère, auteure féministe bankable et le fils, adolescent, star au lycée d'un championnat sur l'art oratoire.
    Leur appartenance à tel milieu - la middle classe de la fin des années 90 aux États-Unis, n'est en rien fortuit, tout comme leur spécialité. Ben Lerner passe au scalpel leurs sentiments pour faire un état des lieux de la société occidentale à un "instant t".
    La lecture peut paraître déroutante tant l'auteur joue de la forme pour balader son lecteur d'un point de vue à un autre, pour dénoncer les excès en tout genre qui irriguent nos sociétés modernes. Abus de langage, discours péremptoires sur à peu près tous les sujets, faculté de s'indigner de tout sans aucune vraie réflexion, idées reçues, etc. Avec ce qui s'ensuit, la montée inexorable de la violence et partant de l'extrémisme.
    Un roman ravageur, et sans complaisance qui invite à la réflexion...

Un roman noir drôlement enlevé

  • Florence R. Libraire
    Un roman noir drôlement enlevé

    Un couple en déclin, décidé de s'octroyer une petite pause en Sicile, pour tâcher de sauver leur union.Tout semble organisé au cordeau, comme s'il ne fallait surtout pas laisser une brèche pour une quelconque improvisation, de crainte de faire voler en éclats le dernier espoir avant la séparation. Pourtant, en route vers l'hôtel, petit changement de dernière minute, madame veut voir la mer. Monsieur bifurque, sa voiture heurte quelque chose. Le choc est violent. A ce stade on n'en sait pas davantage. Le cours des choses va cependant en être bouleversé.
    Traité comme un thriller, Yves Ravey instille, l'air de rien, un léger malaise. Point de grands effets de manches ou du suspense à tout va, mais plutôt une mise à nue des sentiments contrastés de nos deux acolytes. Toute une palette de sentiments assez vils les parcourt. Lui, la lâcheté et la couardise, elle, la fausse empathie qui ne fait qu'accentuer son égoïsme. Quant aux autres personnages, ils ne sont pas en reste, unis chacun par une cupidité certaine. Alors la fin semble assez cohérente avec le reste. Un roman noir concis et drôlement enlevé !

Une lecture marquante

  • Florence R. Libraire
    Une lecture marquante

    L'écriture de Mathieu Belezi est sans concession, âpre, à l'image de ces personnages pris dans l'engrenage terrible de la colonisation algérienne au XIXe siècle.
    Tout est vain, il dépeint un désastre à travers la voix d'une femme déjà consciente des catastrophes à venir, débarquant sur un territoire qu'elle ne connaît pas "c'était comme si chacun de nous, pauvres et natifs apprentis colons à peine débarqués, était déjà en train de pourrir et de se décomposer". Et celle des soldats français, suivant des directives iniques, pillant un pays et piétinant la dignité des autochtones. Mathieu Belezi tranche par un style incisif, un langage parfois trivial, un rythme oscillant entre langueur et célérité et dénonce avec force la folie et la barbarie de ces hommes.
    Un texte bref, une lecture marquante.

Diablement sombre

  • Florence R. Libraire
    Diablement sombre

    Écrit après Betty, "L'été où tout a fondu" à pourtant été publié avant ce dernier. Peu importe me direz-vous tant ce roman est tout aussi captivant. On retrouve la plume poétique et imagée de Tiffany McDaniel (admirablement traduit par François Happe), un univers particulier si caractéristique de l'auteure, nimbé d'une certaine étrangeté..
    Été 1984 une chaleur suffocante frappe Breathed, "petite ville retirée du sud de l'Ohio, dans les contreforts des Appalaches". Le gouverneur Autopsy Bliss, procureur de son état, fervent garant de la Justice et de l'équité, lance une invitation peu banale : il convie le diable à Breathed. Non par provocation mais uniquement pour voir par lui-même, comme s'il fallait déjouer le mauvais œil.
    Peu de temps après, un jeune garçon à la peau noire et aux yeux verts se présente devant le tribunal, comme étant le diable en personne...
    Un roman résolument sombre. Au-delà d'une réflexion sur le bien et le mal, Tiffany McDaniel dénonce sur un ton faussement candide par la voix du narrateur, la violence, le racisme et le fanatisme de ces autochtones. La tension monte au fil des pages, la chaleur accablante, poisseuse et abrutissante ne faisant que renforcer cette violence larvée. Tiffany McDaniel réussit une nouvelle fois à nous surprendre, un autre grand roman d'une auteure décidément géniale.