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Biographie

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Ni vautours, ni pigeons

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    Ni vautours, ni pigeons

    Hérvé Hamon aime mener des enquêtes. Il ne le fait pas comme un flic, mais comme un journaliste curieux, ouvert et attentif à ceux qu’il rencontre. Dans « Ceux d’en haut » il part à la recherche du pouvoir et même s’il rencontre des politiques –Juppé, Rocard et quelques maires de grandes villes- il se tourne essentiellement vers les patrons. Il veut savoir quel est le moteur et ce que ressentent ceux qui emploient et licencient, entreprennent, commandent. S’en suivent  des personnalités aussi différentes que Charles Kermarec, le patron de la librairie et de la maison d’édition Dialogues à Brest ou Jean Louis Beffa qui dirige Saint Gobain. Tous ces portraits sont vivants et bien écrits. J’avoue un faible pour la rencontre de l’auteur avec quatre femmes – Colette Lewiner, Anne Méaux, Nicole Notat et Mireille Proust- qui toutes ont connu des parcours hors du commun.

    On pourrait reprocher à l’auteur de grands absents qui auraient sans doute eu des choses à dire sur le pouvoir ; on pense à Laurence Parisot qui a tout fait pour conserver la présidence du Medef ou à Henri Proglio qui aurait voulu cumuler la présidence d’EDF avec celle de Veolia et – tant qu’à faire ! – celle d’Areva. Les yeux plus gros que le ventre. Le pouvoir sans limite qui fait peur. Ceux-là, on ne les croise pas dans ce livre et c’est dommage.

    L’auteur a interrogé des patrons très libres, sympathiques et honnêtes, qui ne sont pas obsédés par l’argent (du moins le disent-ils) et qui ont même le sens de l’intérêt général et de celui de leurs salariés. Cette galerie de " Ceux d'en haut " est intéressante, mais finalement qu’apprend-on ? Que les entrepreneurs ne sont pas des salauds, forcément des salauds ? L’auteur, ouvertement de gauche, semble surpris.  Un intellectuel de gauche, comme on disait après 68,  prend acte en 2013 que diriger une entreprise n’est pas, par principe, abominable. A droite, on dira qu’il était temps et à la gauche de la gauche on criera à la trahison.  On a l’habitude. Il reste que cet ouvrage dans lequel les patrons ne sont ni vautours ni pigeons devrait trouver sa place dans le débat (très français) sur la relation entre la gauche est les entrepreneurs.

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La fiction plus réelle que la vie?

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    La fiction plus réelle que la vie?

    Ici, à Icamole, un petit village perdu dans le nord du Mexique, cela fait bien longtemps que l’Etat a officiellement fermé la bibliothèque, pour la simple raison qu’il n’y a pas assez de lecteurs. Qu’importe. Lucio, le bibliothécaire, continue à s’en occuper. Même s’il doit être le dernier lecteur.

    Il passe donc ses journées à ouvrir des caisses de livres, à lire, à ranger les romans sur les étagères, à frapper d’un tampon rageur ceux qui, selon lui, doivent être censurés, parce que trop mauvais. Lucio est un veuf solitaire qui ne plaisante pas avec la littérature. Et quand un visiteur le dérange dans ses lectures, il grogne.

    Lorsque son fils Remigio vient lui annoncer qu’il a trouvé le corps d’une fillette inconnue noyée dans le puits, Lucio se tourne vers les rayonnages : la réponse à cette découverte aussi terrible qu’énigmatique est forcément dans les livres. Cette mystérieuse fillette, à l’étonnante beauté, est probablement l’héroïne échappée d’un roman.

    Lucio cherche. La police, dont l’enquête piétine, vient lui demander conseil. La mère de la fillette, intriguée, le consulte également. Lucio tient à son idée. La vérité est dans les livres. C’est la fiction qui nous enseigne le réel. C’est en lisant des romans que nous comprendrons le monde qui nous entoure, jusqu’aux faits les plus troublants.

    " El último lector ", roman d’une étrange beauté qui nous emporte dans un Mexique brulé et pauvre régénéré par la littérature, a été en 2009 le premier texte de David Toscana à être traduit en français, suivi de " Un train pour Tula " en 2010 et " L’armée illuminée " en 2012. Immédiatement, il a emballé la critique et le jury du prix Antonin Artaud France Mexique. On est séduit par son humour, quand Lucio se souvient d’un congrès de bibliothécaires où est posée la question du sperme retrouvé sur les romans érotiques. Doit-on considérer qu’il s’agit d’une « partie intégrante de l’utilisation des livres » ? Ou doit-on doit faire payer au lecteur l’exemplaire endommagé ? Le débat est clos lorsque quelqu’un remarque qu’on ne peut demander à une dame de ne pas tremper de larmes un roman d’amour. Et on est touché quand ce texte nous fait réfléchir au rôle de la littérature sous nos latitudes. Comment ne pas être ému quand Lucio écrit une lettre furieuse aux autorités, leur reprochant la fermeture de sa bibliothèque : « Si l’eau est d’autant plus nécessaire en plein désert, comme la médecine l’est à la maladie, les livres sont d’autant plus indispensables là où personne ne lit ».

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Descente aux enfers

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    Descente aux enfers

    Au bord de la mer d’Irlande, à Ocean View, dans un lotissement pratiquement à l’abandon, une famille est retrouvée massacrée : Patrick et Jennifer, les parents, baignant dans leur sang, Emma et Jack, leurs jeunes enfants, étouffés. Seule Jennifer, dans un état critique, a échappé au carnage.

    La scène de crime suscite de nombreuses interrogations : les murs de la maison sont percés de trous et  des caméras et moniteurs vidéo sont disséminés un peu partout.

    Mickey Kennedy, un vieux briscard de la Brigade Criminelle et son adjoint, la nouvelle recrue, Ritchie Curran, cherchent à démêler les fils de cette affaire qui, à première vue, ressemble à un drame familial. Patrick, au chômage, ne parvenait plus à subvenir aux besoins des siens. Toutefois qu’il se soit attaqué à ceux qu’il chérissait le plus semble inconcevable. Et que signifient ces caméras ? Que se trafiquait-il dans cet endroit ? Lorsque les policiers découvrent une tanière aménagée dans un immeuble plongeant chez les Spain c’est une autre piste qui se dessine, celle d’un prédateur prêt à tout.  Mais pourquoi s’est-il acharné sur cette famille ?

    Kennedy et Curran s’enfoncent dans cette enquête qui va bouleverser leur existence.

    Après le très remarqué « Les lieux infidèles », Tana French signe un thriller implacable. Elle tisse une intrigue machiavélique autour de personnages englués dans leurs tourments et leur passé.  Aucun des protagonistes n’échappe à sa plume ciselée et chacun livrera sa part d’ombre.

     « La maison des absents » ou la descente aux enfers d’une famille aux prises avec la réalité impitoyable de la crise économique.  Un ouvrage haletant qui ne lâchera pas avant que vous n’ayez tourné la dernière page.

    Ce titre fait partie de notre sélection " [Cinq polars addictifs](http://www.onlalu.com/site/selection-polar/) " du 29 avril 2014

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Tout en humour !

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    Tout en humour !

    Si vous aimez Raymond Queneau, si vous avez fréquenté la plateforme de l’autobus A et si rien ne vous enchante plus qu’un bouquet de fleurs bleues ; si Vialatte vous convainc de la grandeur consécutive d’Allah et si le " Bardadrac " de Gérard Genette est votre livre de chevet –chez nous, il est dans les toilettes, ce qui augmente dangereusement le temps d’occupation des lieux ; si Joseph Connolly (le barbu) et ses collectionneurs de bouches d’égouts vous éclate et si Thurber vous fait pleureur de rire… bref, si vous aimez le langage et les intrigues barrées, vous allez adorer les aventures de Jeremy Cook, comme le capitaine.

    Eminent linguiste du non moins éminent Institut Wabash, dont la principale occupation est d’étudier le langage des bébés avant même qu’ils ne le possèdent, Cook se retrouve mêlé de beaucoup trop près à une affaire de meurtre lorsque l’un de ses collègues a le mauvais goût de venir passer l’arme à gauche dans son bureau. Très indélicat, vous en conviendrez. S’ensuit une enquête des plus loufoques, parsemée ça et là de cadavres pas très exquis, menée à vue par un inspecteur aussi gros qu'érudit, où qui ne dit mot ne consent point, bien au contraire !

    Un moment de pure littérature et d’humour anglo-saxon comme on les aime, où, à chaque page ou presque, « on s’en paie une tranche » !

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L'un est l'autre

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    L'un est l'autre

    Après avoir refermé l'étonnant roman de Neil Jordan, on ne pourra plus prétendre que les écrivains manquent d'imagination ou ne se donnent aucune peine pour sortir et vous sortir de leur quotidien. Cette lecture nous prouve également que la littérature irlandaise est plus vivante, plus riche que jamais. Neil Jordan aime les vampires (il en a même fait un film, " Entretien avec un vampire "), raison pour laquelle il installe son narrateur, Kevin Thunder, dans la maison voisine de celle qui appartint à Bram Stoker, l'auteur de " Dracula ", dont l'âme revient hanter les lieux. Kevin habite la partie populaire de Dublin, alors que Gerald, lui, est issu d'une famille d'avocats. Kevin et Gerald se ressemblent tant qu'on les prend souvent l'un pour l'autre. Ce pourrait être amusant (et d'ailleurs ils commencent par en jouer), si cela ne finissait par devenir perturbant, angoissant même. Kevin et Gerald se croisent parfois, apprennent à se connaître, mais se fuient aussi, tant ils sont gênés, troublés par cette " confusion ". Qui est qui, le savent-ils encore ? L'un est riche, l'autre pas. L'un est un écrivain reconnu, l'autre pas. Et pourtant, celui qui avait tous les atouts en main voit peu à peu son étoile pâlir. Le livre débute lors de l'enterrement de Gerald, au cours duquel Kevin fait la connaissance de la fille de son sosie. A qui il va raconter leur histoire commune. Et quelle histoire !

    Article paru dans ELLE

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