ARNAUD B.

Peu de journaux de kiosque peuvent se targuer de suivre la même ligne éditoriale depuis cent ans ; Le Canard en est à coup sûr et cette fidélité à soi-même est un exemple pour tous. Un siècle d'articles et de dessins durant lequel la verve et la satire s'en donnent à coeur joie. On retrouve les chroniques de films et d'artistes extras, les nécrologies tantôt tristes tantôt désopilantes. Ces premiers lanceurs d'alerte oeuvrent pour le bien commun, sont le tic-tac de nos consciences. Patrick Rambaud prend une plume du palmipède pour écrire le Roman du Canard des années 39 à 44. Tout est bonheur.

Dans cette anthologie d'absurdité noire absolument odieuse, les journalistes de Charlie Hebdo, qui sont aussi des dessinateurs terribles, nous demandent encore si l'humour doit faire rire. Pièce de puzzle indispensable pour que l'image de notre pays soit complète, ils reviennent sur leur année zéro. Alors si vous voulez savoir si Père Noël n'est qu'un barbu infiltré mais qu'à minuit votre petit Jésus reste inerte en ses croyances, allez déchirer le paquet où il y a votre nom (ou pas, pourquoi favoriser les enfants ?). N'ayez jamais peur d'une mauvaise blague en famille, vous rendrez service.

A ceux qui doutaient encore que derrière la gouaille sanguine de ce gaillard de Kersauzon battait une tendresse timide son dernier livre en apporte témoignage. De Papeete où il nous dit avec pudeur son amitié pour Florence Arthaud à Brest où le nez est immédiatement mis en alerte dès l'aéroport, ses différents voyages sont autant de prétexte à des petits contes moraux, voire délicieusement philosophiques. Une idée du silence et des corps, un profil de la mémoire, un refus de la nostalgie au creux desquels, l'enfant qu'il n'a jamais cessé d'être écrit quelques sourires au monde comme il va.

Vous voulez vous faire une idée de comment l'on se figurait la portée des courants en 1675 ? Où Calypso retînt Ulysse ? Vous voulez connaître les contours des terres connues au fur et à mesure ?

L'intuition continue de la position des étoiles ? Brossé comme une esquisse des progrès de l'esprit humain, ce grand livre d'art allie le superbe travail des éditions de Monza avec l'érudition époustouflante de l'académicien de marine, François Bellec. Une sorte de géographie de la pensée d'une finesse riche, nous fait naviguer à travers les esquifs des nombreuses illustrations. Un ouvrage de choix.

Les peintres de marine du XVII ème au XX ème siècle dévoile les influences des différents courants picturaux européens sur la peinture française dévolue à ce genre, entré au dictionnaire en 1762. Des ciels noirs de Courbet aux écumes jaunes de Rivière, de l'incontournable Radeau à un improbable de Staël, par les batailles navales et l'outre mer, les pôles et les plages, les naufrages aussi, l'auteur s'attache de façon chronologique à nous promener pour notre plus grand plaisir par les grèves et les champs de cet académisme si prisé par beaucoup d'entre nous, nés au coeur de villes portuaires.