JEAN-LUC COATALEM

Biographie

«Je suis de famille brestoise. Mes grands-parents habitaient rue Victor-Hugo, au-dessus du port de commerce. Du balcon, on entendait les tintements de la rade et la sirène des bateaux. Par beau temps, le goulet scintillait et faisait, plein ouest, comme un trou sous les nuages. Chacun d’entre nous avait des envies de partir, par-là.
Si mes ancêtres travaillèrent à l’Arsenal, mon grand-père paternel sera le premier à aller en Indochine, à la fin des années vingt. Un poste à Saïgon. Un oncle le rejoindra. Un troisième posséda même une plantation d’hévéas dans le sud. De surcroît, comme fait exprès, mon grand-père maternel prendrait sous son aile un jeune asiatique, un orphelin, à la fin de la Guerre d’Indochine. L’enfant reviendrait souvent chez nous, mystérieux, compliqué, à la fois timide et brutal. Ne lâchant rien de ses secrets.
C’est cette matière-là que j’ai voulu raconter et mettre en scène dans mon roman Le dernier roi d’Angkor. L’histoire d’une fascination pour un ailleurs, pour un autre que soi. Le désir d’une autre vie. Le livre est une enquête intime, à travers le temps mais aussi la géographie. L’aventure commence en Bretagne, à Brest, et s’achève dans les Abers. Entre-temps, le livre nous a emmené au Cambodge, au milieu des ruines grandioses d’un royaume enseveli sous la jungle. Il faut y voir, bien sûr, une métaphore. Ne sommes-nous pas tous, à notre façon, les derniers rois de quelque chose qui s’enfuit?
JLC