CLAUDIALUCIA

Biographie

Depuis mon apprentissage de la lecture, les livres ont toujours tenu dans ma vie une place immense. J'ai ouvert ce blog intitulé Ma librairie pour garder le souvenir de toutes ces lectures, des émotions ressenties, des récits, des mots et des phrases qui m'ont marquée.
Le titre de mon blog est un hommage à Michel de Montaigne qui aimait à se retirer dans sa librairie (au XVIème siècle le mot a le sens de bibliothèque), au milieu de ses livres.
La librairie de Montaigne était située au troisième étage d’une tour de son château qui figure dans mon logo. Là, il lisait, méditait, écrivait. Là, il rédigea Les Essais.
Pour moi, comme pour lui, les livres : “C’est la meilleure des munitions que j’aie trouvée en cet humain voyage”.

Les partisans de Aharon Appelfeld

  • claudialucia
    Les partisans de Aharon Appelfeld

    Bien sûr, je connaissais Aharon Appelfeld de nom mais je n’avais rien lu de lui. J’avais tort! C’est ce dont je me suis aperçue en lisant Les Partisans, son nouveau livre qui va sortir sous peu le 21 Mai.

    Ce roman puisqu’il s’agit d’une fiction est nourri des souvenirs de jeunesse de Aharon Appelfeld dont j’ai trouvé une intéressante biographie dans Esprits nomades. Ces faits biographiques sont importants pour la compréhension de son oeuvre
    Appelfeld, né en 1932, a vécu à Jadova, près de Czernowitzl à la frontière roumano-ukrainienne. Dès l’invasion du pays par les roumains et les allemands, sa mère est tuée et les nombreux juifs qui habitent la région sont exécutés ou envoyés comme lui et son père en déportation. Très vite séparé de son père, il s'enfuit et vit seul, à l’âge de neuf ans, se cachant dans les forêts ukrainiennes, travaillant durement pour des paysans, des prostituées, des voleurs de chevaux et surtout taisant sa judaïcité à tous. L’antisémistisme virulent des ukrainiens en font les complices rêvés des nazis. Aharon Appelfeld dit que sa vie a été celle de l’enfant de « L’oiseau bariolé » de Jerzy Kosinki.
    A treize ans, en 1944, il rejoint l’armée soviétique. Il arrive à Israël à l’âge de quatorze ans.

    Les partisans

    Dans Les partisans, Aharon Appelfeld nous fait partager la vie de juifs échappés d’un ghetto et cachés dans les montagnes ukrainiennes. Leur groupe qui réunit des croyants et des non-croyants, des membres du Bund et des Jeunesse sionistes, des communistes, tous anti-nazis mais très différents par leurs idées, des hommes de tout âge, des femmes et des enfants, sont étroitement liés par un sentiment de solidarité, de respect et d’affection. Les partisans s’organisent peu à peu, menant des escarmouches contre l’armée allemande pour s’emparer de munitions, se ravitaillant, par la contrainte des armes, auprès des fermiers hostiles, faisant sauter les trains de la Mort qui conduisent les juifs dans les camps de concentration. Leur groupe s’agrandit, les juifs échappés des trains, faibles et malades, venant rejoindre la troupe de combattants. Pendant que l’armée nazie mène la Grande Histoire en exterminant les juifs d’Ukraine qu’ils font disparaître dans des fosses communes ou dans les camps de la mort, c’est au Particulier que nous sommes confrontés dans le roman en assistant à la vie quotidienne de tous et en découvrant la personnalité de chacun..

    Le narrateur est Edmund, un jeune de dix-sept ans, qui a fui vers les montagnes, abandonnant ses parents sur le quai de la gare en route vers les camps. Il est imprégné d’un sentiment de culpabilité qui ne le quitte jamais. C’est lui qui décrit le commandant Kamil, une belle figure d’homme et de chef que guide la foi; Il y a Karl, le communiste, qui ne peut supporter l’obscurantisme lié pour lui à la religion, mais qui lui aussi est conduit par cet esprit de solidarité qui ne le quitte jamais : il y aussi Tsila, la cuisinière dont chaque repas est un acte d’amour pour les autres, et la grand mère Tsirel, visionnaire, qui représente la foi et les tradition des ancêtres. Puis les enfants, Michael qui a neuf ans, l’âge de Aharon Appelfeld quand il s’est retrouvé seul, et le tout-petit Milio, si traumatisé qu’il a perdu la parole et sur qui veille son père adoptif Danzig, attentif à le protéger. Et bien d’autres encore qui nous deviennent proches.Comme Victor, l’Ukrainien, qui est venu les rejoindre parce qu’il ne supportait plus les massacres perpétrés sur les juifs par ces compatriotes nazis, et qui est lui aussi un personnage profondément humain.
    C’est par l’amour, nous dit Appelfelfd que l’homme sera sauvé; chacun doit laisser de côté son égoïsme, ses motivations personnelles et se mettre au service de tous.

    Tous ont subi des drames terribles, la perte de ses enfants pour l’une, de ses parents pour l’autre. Ce sont des être blessés, portant de lourdes souffrances, sujets à des moments de repli, d’écroulement moral, mais désireux, cependant, de maintenir en eux la part d’humanité, la dignité propre à l’être humain, de ne pas devenir des bêtes comme le voudraient les nazis :
    "C’est pour cela que nous sommes ici " dit Kamil. "Nous allons conserver un visage humain, et nous ne laisserons pas le Mal nous défigurer » C’est aussi un sentiment que j’ai découvert chez Semprun et qui le guide et le maintient en vie dans les camps de concentration.

    C’est ainsi que Aharon Appelfled nous fait comprendre ces gens qui ont vécu une telle tragédie et nous les fait aimer sans pourtant tomber dans le manichéisme :" Karl est debout, comme toujours, prêt à tendre la main une main ou aider un homme à se relever. Si tous les communistes lui ressemblaient, le monde serait sauvé sans délai. Au ghetto il y avait parmi nous des jouisseurs qui accumulaient la nourriture et se bouchaient les oreilles afin de ne pas entendre les gémissements de ceux qui mouraient de faim. Le Mal et la Cruauté qui nous cernaient s’était infiltrés en chacun de nous, seuls quelques élus n’avaient pas été atteints."

    Le style de Appelfeld : le détour par la fiction

    Le style de Aharon Appelfel est très simple, pur, concis, sans lyrisme ni pathos. Ce qu’il raconte est déjà si terrible qu’il n’y a rien à ajouter.
    J’ai lu que, comme Semprun, et bien que venant d’horizons et de sensibilité très différents, il a cherché comment dire l’indicible, conscient qu’il fallait un autre langage pour en parler.

    "Quand je suis devenu un écrivain et suis devenu conscient de mon écriture, je sus que je ne pouvais pas écrire des mots comme ils avaient été écrits auparavant. Vous ne pouvez pas écrire sur l'Holocauste de manière réaliste, vous ne pouvez pas en parler en termes sociaux, économiques ou politiques. Vous devez parler dans un nouveau langage. Et Kafka est le premier qui écrivit dans une nouvelle direction faite de réel et d'imaginaire. Kafka a sauvé mon écriture ".

    Comme Semprun, Appelfeld préfère passer par la fiction plutôt que par le récit de sa propre vie parce que :
    « La littérature ne doit pas essayer de retranscrire l'histoire mais de révéler la vérité au sein de la vérité. C'est la tension continue entre le particulier et le général qui donne l'œuvre. le particulier seul ne donne que la mémoire ou l'histoire. Le général seul ne donne que la philosophie ou la sociologie. Seule la confrontation entre les deux permet d'écrire. Mon particulier aura été la catastrophe, le ghetto, la forêt, la mort aux trousses. Le général pour moi est l'homme qui souffre et qui cherche l'amour. Pour moi les mots ne sont pas des pierres mais des êtres vivants » (Appelfeld juin 2011 à Toulouse).

    Un beau roman,dans son apparente simplicité, et qui ne laisse pas indifférent .

John Bull sur le Guadalquivir Anthony Trollope

  • claudialucia
    John Bull sur le Guadalquivir Anthony Trollope

    Le recueil de nouvelles d’Antony Tropolle porte le titre du premier récit : John Bull sur le Guadalquivir.
    John Bull, est la satire du britannique en voyage et de ce sentiment de supériorité qui le pousse à considérer les autres, en particulier les peuples latins, comme des êtres inférieurs C'est ce qui arrive à John Bull qui part rejoindre sa fiancée Maria. Celle-ci, anglaise par son père, vit en Espagne. Avec son ami Thomas qu’il a retrouvé à Cadix, John Bull embarque sur le Quadalquivir en direction de Séville. Sur le Vapeur, tous deux rencontrent un homme qu’ils prennent pour un toréador parce qu'il est affublé d’un costume ridicule à leurs yeux. Les deux amis font sa connaissance, soupesant les boutons en or de ses vêtements et se moquant entre eux de son accoutrement.. en anglais, bien sûr, puisqu’il est bien connu que les espagnols ne peuvent connaître cette langue. Bref! ils se conduisent comme de parfaits imbéciles.

Tom l'éclair

  • claudialucia
    Tom l'éclair

    Le récit se déroule dans les années 60. Tom, un enfant surdoué, autiste,mal intégré dans une société qu'il ne comprend pas est isolé à l’école. Mais il découvre les comics américains pour lesquels il éprouve un véritable engouement. Le petit garçon s’identifie alors à ces héros dotés de pouvoirs infinis. Comme eux, il veut changer le monde; il va commencer par lui-même et découvrir comment se faire des amis, il transformera aussi la vie des autres en particulier de ses parents. Mais cela ne va pas sans quelques difficultés et même sans dangers car la vie n’est pas ne prend pas racine dans une bande dessinée.

  • claudialucia

    "Une constellation de phénomènes vitaux, -organisation, irritabilité, mouvement, croissance, reproduction, adaptation", c'est la définition de la vie dans le dictionnaire médical des médecins soviétiques.
    Chercher des définitions dans le dictionnaire, c'est ce que fait Natasha pour fuir ses souvenirs, traumatisée par la guerre en Tchétchénie et par son horrible expérience des réseaux de prostitution en Italie quand elle a voulu fuir son pays.
    Antony Marra explore dans ce roman un pays déchiré par deux guerres depuis 1990. La première de 1994 à 1996 : lorsque la Tchétchénie se déclare état indépendant et souverain et refuse de signer le traité constitutif de la Fédération de Russie, elle est envahie par les troupes russes; la seconde de 1999 à 2009 (mais est-elle totalement terminée?) lorsque des chefs de guerre islamistes tchétchènes radicaux désireux de reconstituer le Caucase islamique en regroupant plusieurs républiques perpètrent des attentats en Russie et mettent à nouveau le feu aux poutres.

Cataract City de Graig Davidson, une belle histoire d'amitié

  • claudialucia
    Cataract City de Graig Davidson, une belle histoire d'amitié

    Cataract City de Graig Davidson, c'est Niagara Falls, la ville des chutes. C'est là que vivent Owen et Duncan.

    Duncan sort de prison où il a passé huit ans. Son ami d'enfance Owen vient le chercher. Commence alors un récit à deux voix où chacun va raconter son histoire mêlant passé et présent et divers temps intermédiaires. Et ce double récit nous donne à voir ce qu'est la vie dans cette petite ville industrielle de l'Ontario où il y a peu d'avenir pour les enfants qui y naissent. Peu d'avenir et aussi peu d'occasion de s'échapper. La ville, personnage à part entière du roman, exerce une sorte d'attrait négatif, entre amour et répulsion, qui freine l'initiative.