Un monde disparu dont il ne reste qu’une superbe mosaïque offerte aux touristes un peu curieux qui délaissent Venise pour une excursion dans cette île maintenant occupée par quelques restaurants. Rien ne laisse penser que Torcello fut une cité de la lagune habitée, qui déclinât en même temps que s’affirmait la splendeur et la puissance de la Sérénissime. Elisabeth Crouzet-Pavan nous relate son déclin et son oubli. Les archives analysées restituent l’organisation économique et les nombreux problèmes de voisinage, les querelles de propriété, l’arrogance des Vénitiens, les ravages causés par les épidémies de peste. Passionnante étude, pour les amoureux de la lagune.
Infanticide, génocide, régicide, assassinat politique, l’auteur analyse une trentaine d’œuvres d’art en s’appuyant sur une étude criminologique digne des meilleurs limiers. Brillante analyse entre autres de l’absence de Charlotte Corday du tableau de David, Marat assassiné, le peintre pensait que personne ne se souviendrait de celle qui avait tué « l’Ami du Peuple » ! Une seule envie, aller au musée du Louvre et mener sa propre enquête ! Erudit et distrayant !
Gina, jeune collégienne, doit quitter Budapest et sa vie aisée pour rejoindre une école réputée mais très stricte où les règles imposées ne souffrent aucune dérogation. L’institution religieuse Matula est situé à Arkod, ville battue des vents au fin fond de la Hongrie. L’action se passe pendant la seconde guerre mondiale mais l’école, retirée du monde en perçoit faiblement les échos. La rigueur de l’enseignement et la discipline prégnante qui y règnent développent chez les élèves une solidarité sans faille et d’ingénieuses méthodes pour échapper à la dureté du lieu. Mais Abigaël, la statue dans le jardin, recueille et répond aux questions…Ce livre paraît à l’occasion du 100ème anniversaire de la naissance de Magda Szabó, la grande dame des lettres hongroises. Les portraits des professeurs et des élèves sont pétris de vérité, les conversations des jeunes filles et leurs interrogations décrites subtilement. Superbe !
Surprenant voyage familial en Prusse-Orientale, enclave devenue russe, dont la capitale Königsberg, ville natale de Kant, s’appelle Kaliningrad depuis la fin de la seconde guerre mondiale C’est dans cette région la plus occidentale de Russie, qu’eut lieu la bataille d’Eylau le 8 février 1807. Cette bataille dont Napoléon n’aimait guère parler préfigurait le déclin de l’Empire, tant son issue incertaine faillit tourner en débâcle pour la Grande Armée. Le tribut payé en vie humaine fut effrayant. Jean-Paul Kaufffmann nous entraîne sur les lieux de l’affrontement lors de la commémoration du bicentenaire, célébré comme une victoire par les Russes. De multiples détails sur le combat et la personnalité des protagonistes rendent le récit passionnant, de la stratégie militaire à la charge d’une violence inouïe donnée par la cavalerie de Murat. Et l’envie de relire le colonel Chabert, d’aller sans tarder au Louvre regarder et comprendre le tableau de Gros…
L’enfance et une passion pour la construction de scènes de théâtres en papier, l’adolescence et les rêves, le pianiste devenu célèbre, Alexandre Tharaud nous fait partager sa passion pour son instrument et ses sentiments les plus secrets. Un voyage dans de multiples lieux, les appartements empruntés aux amis (faute de piano chez soi !), les chambres d’hôtel, les piscines du monde entier et bien sûr les salles de concert mythiques. Pour Alexandre Tharaud l’interprète est un médium qui permet à chaque auditeur de recevoir à sa manière, la musique. L’auteur relate aussi l’histoire des grands interprètes qui ont modelé et imposé la forme actuelle du récital.