YV

Biographie

Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

  • Yv

    Luis Sepulveda place ces nouvelles dans les années 60/70 juste avant le coup d'état de Pinochet (qui ne pouvait être totalement mauvais comme disait Pierrre Desproges, car dans Pinochet, il y a hochet). Tous les personnages sont des anonymes qui vont tout tenter pour qu'Allende arrive au pouvoir et qui vont combattre l'extrême droite et la droite chilienne. Beaucoup passeront dans la clandestinité après le coup d'état, perdront la vie. Je présente ci-dessous quelques nouvelles du recueil, celles qui m'ont le plus plu.

    - Le soldat Tchapaïev à Santiago du Chili : la difficulté d'organiser une action d'éclat commune aux jeunesses communistes et socialistes, surtout lorsque certains ont d'autres préoccupations comme un rendez-vous amoureux.

    - L'Ouzbek muet : la vie d'un étudiant chilien à Moscou qui rêve d'aller à Prague et se retrouve à Tachkent en Ouzbékistan.

    - Blue Velvet : braquer une banque, ça ne s'improvise pas. Enfin, normalement...

    - Moustik : Un autre braquage, mais pour sauver l'économie chilienne menacée, mené par Moustik une jeune femme qui ne supportera pas le coup d'état de Pinochet.

    - L'autre mort du Che : le récit du transport de deux condors offerts par le Chili à Cuba et la nasissance d'un petit longtemps après nommé Che.

    - Le déserteur : les derniers moment d'Ernesto Guevarra, dit Le Che.

    Luis Sepulveda fait preuve de beaucoup d'humour, de dérision mais également d'une grande tendresse pour ses personnages, ces héros anonymes qui ont lutté contre la dictature et la force. Pour beaucoup ils sont des loosers avec idéaux, qu'ils veulent atteindre ; ils y réussissent parfois mais pas toujours et presque par hasard. Il suffit d'un tout petit rien pour que la chance ou la malchance fasse capoter ou réussir une opération mal préparée pour ne pas dire improvisée. Les premières nouvelles sont drôles, à l'image de ce roman de l'auteur que j'ai adoré, L'ombre de ce que nous avons été, et les dernières se font plus dures, plus politiques.

    On pourrait s'attendre à un peu plus de la part de cet auteur, je reste un peu sur ma faim, me disant qu'il y avait matière à faire des histoires plus construites, plus longues, des petits romans, c'est un peu comme s'il se contentait du minimum pour faire un livre. Et puis, je me dis dans la seconde qui suit que le minimum de Luis Sepulveda vaut très largement le maximum de certains autres écriveurs de livres, alors ça me console.

  • Yv

    Mario França n'est pas un privé comme les autres. Sûr de ses qualités et de ses déductions qu'il juge infaillibles, il peut paraître agaçant, voire hâbleur, d'autant plus que c'est lui qui nous raconte cette histoire, à la première personne du singulier. Ça change un peu des détectives ou des flics désabusés, alcooliques ou déprimés ; Mario va plutôt bien. Sa technique est simple, il questionne, observe beaucoup, emmagasine toutes les informations qui décantent lentement dans son esprit. Les passages sur le divan défoncé de sa psy, Ophélia -qui l'y rejoint parfois-, l'aident également. Mon bémol viendrait du fait que nous aussi lecteurs, nous emmagasinons, mais sans le recours d'Ophélia, nous pouvons nous perdre dans tous les noms, j'avoue parfois n'avoir plus su si tel ou tel nom faisait partie de l'enquête sur Gladys ou sur Lopes, ce qui sera au final secondaire puisque comme convenu, les deux intrigues se rejoignent. Une autre réserve concerne quelques longueurs et répétitions inutiles, et pour être complet je précise que j'ai eu un peu de mal au début du bouquin, par sa construction : Miguel Miranda plonge son héros dans une situation que l'on ne comprend pas et arrivent ensuite, quelques lignes plus loin, les explications ; une fois le pli pris, ça va.

    Pour revenir aux passages sur le divan d'Ophélia, ils aident Mario à mettre toutes ses idées en ordre et lui donnent accès à des retours en arrière sur sa vie de combattant contre la dictature de Salazar. Ce point est important car il permet d'entrer en plein cœur du mouvement qui amènera la Révolution des Œillets en 1974. Intéressant et instructif, même s'il peut paraître nécessaire de prendre des informations supplémentaires sur cette période au Portugal (bon point, c'est toujours bien un livre qui oblige à aller chercher des compléments d'information pour parfaire sa culture).

    Finalement, malgré mes réserves, ce polar est bien agréable, changeant un peu les codes du héros revenu de tout. Mario França est parfois énervant dans ses certitudes mais on le suit avec plaisir et son mode de fonctionnement est original : il saisit les odeurs sur la scène de crime pour établir sa liste de suspects, il enregistre un document à peine l'a-t-il eu sous les yeux et fait preuve de plus d'intuition que de découverte de preuves matérielles. Et puis un héros n'a pas besoin d'être entièrement sympathique pour qu'on ait envie de suivre ses aventures, Mario França ne l'est pas, sans être antipathique et son assurance affichée est une façade qui cache des questionnements et des doutes que Miguel Miranda esquisse et a sûrement exploité dans ses autres romans dont il est le héros.

    Ce roman a été écrit en 1998, il n'était pas le premier de l'auteur et d'autres ont suivi, notamment deux autres titres traduits et publiés chez le même éditeur : Quand les vautours approchent (écrit en 2004 et traduit en 2012) et Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel (écrit en 2011 et traduit en 2013). Les trois titres existent en collection poche

Magnifique roman !

  • Yv
    Magnifique roman !

    Magnifique roman !Et je pèse mes mots. Quel pied j'ai pris à suivre le lieutenant Saint-Mars, dit SM, dit La Marquise, dans ses recherches et dans sa découverte de mondes totalement inconnus de lui -et de moi. Le voyage de SM m'a instantanément fait penser au voyage de Ferdinand Bardamu (dans Voyage au bout de la nuit, entre l'Afrique et New York) ou celui de Willard dans Apocalypse Now : poisseux, violent, chaud, humide, insupportable, peuplé de bestioles toutes plus piquantes ou mordantes les unes que les autres, pour certains des souvenirs que j'ai de ces deux chefs d'œuvres eux aussi, partiels sûrement, je devrais les relire ou les revisionner.

  • Yv

    Les éditions de La Bourdonnaye, dans leur collection Pulp, publient de petits textes s'inspirant des pulp magazines états-uniens du XXème siècle ou encore des feuilletons français du siècle précédent dans lesquels Alexandre Dumas ou Eugène Sue entre autres s'illustrèrent. Cette intégrale de la saison 1 contient six épisodes courts, un peu comme une saison de série télévisée en DVD.

    Si vous cherchez de la finesse, de l'élégance, de la délicatesse, du chic, du raffinement ou encore du savoir-vivre -oui, j'ai fait le dictionnaire des synonymes-, passez votre chemin... Non, dans cette série, on serait plutôt dans la gaudriole, la gauloiserie, la paillardise, la plaisanterie -finalement c'est simple le dictionnaire de synonymes sur Internet.

  • Yv

    Cush Dibbeth et Benjamin Chopski ont déjà sévi dans le très bon Bistouri blues, ici chroniqué. En ce jour, je me fais un plaisir de parler de leur deuxième aventure. Ce roman happe le lecteur dès le départ et ne le lâche plus au long des 443 pages. L'enquête est complexe et Cush Dibbeth en parle mieux que moi : "On bosse, je t'assure, fit Cush en s'asseyant. Le problème, c'est que l'enquête part dans tous les sens. Nous sommes en même temps sur des règlements de comptes entre dealers et la disparition de Zemmour, de putes et de clochards." (p.119) Rien à ajouter si ce n'est que la disparition de Zemmour ne concerne pas le prénommé Éric, ce qui est fort dommage, il nous ferait des vacances à en prendre de longues, très longues voire interminables (et dans interminables, il y a inter, bien sûr). Pouf, pouf. Revenons à notre enquête, Cush patauge et on le comprend on n'aimerait pas être à sa place, nous lecteurs qui en savons bien plus que lui, étant à la fois dans le clan Zemmour, dans la tête du chirurgien fou, dans celle de Benjamin et au cœur de l'enquête des flics.