Sublime !

  • Leiloona B.
    Sublime !

    Milan Kundera prédisait, il y a quelques années déjà, le déclin du roman, de plus en plus appauvri du fait d’une imagination réduite à une peau de chagrin … Il n’en est rien chez Kaoutar Harchi.

    Une intrigue forte et terrifiante comme une tragédie grecque, un ressort bandé à l’extrême dans cette maison de femmes, une jeune fille digne des plus grandes figures de l’Antiquité, plusieurs voix de femmes aussi, toutes aussi puissantes que la première. Une quête identitaire de cette jeune fille, à la recherche de ce père qu’elle n’a jamais connu, de sa famille aussi.

    Dire que j’ai été portée par ce roman serait encore en deçà de ce que j’ai pu ressentir. La claque de la rentrée littéraire, la puissance chorale, la force des mots, une syntaxe qui allie perfection poétique à une syncope maîtrisée, la beauté sombre de l’intrigue aussi.

Une camomille ?

  • Leiloona B.
    Une camomille ?

    Le temps coule doucement dans "Arden" et possède un certain charme désuet. Dire qu’"Arde"n sent la naphtaline serait sans doute péjoratif, mais c’est le cas.
    Alors que les romans contemporains peinent à prendre leur temps, courent après une histoire à peine esquissée, le premier roman de Frédéric Verger explore les moindres recoins de cette forêt et de l’hôtel, se paie le luxe de mêler le registre comique dans les situations les plus tragiques et entraîne son lecteur dans une histoire qui restera malgré l’Histoire dans une certaine légèreté. Un premier roman étonnant, en décalage total avec ces productions contemporaines creuses et remplies de dialogues.

La délicatesse d'un roman japonais ...

  • Leiloona B.
    La délicatesse d'un roman japonais ...

    Narration ponctuée de nombreux retours en arrière, La Cravate possède cette grâce qu’on trouve souvent chez les auteurs japonais (l’auteur a une mère japonaise, un père autrichien et vit à Vienne).
    Un peu à la manière du haïku, l’intrigue faite de peu d’éléments se déploie et étonne son lecteur. Une certaine délicatesse s’échappe alors de la plume de Milena Michiko Flasar et permet d’aborder des thèmes lourds de conséquence pour la vie d’un homme. Le suicide, la perte du travail, le dénigrement d’autrui ponctueront ce récit sans l’alourdir : ces thèmes peindront surtout la société actuelle sans entrer dans une quelconque polémique ou recherche d’engagement social.

Délicieusement glaçant.

  • Leiloona B.
    Délicieusement glaçant.

    Dès les premières pages de ce roman, le lecteur est transporté dans une réalité parallèle où les objets auraient un certain pouvoir sur les hommes, comme si ces choses étaient animées par une force surnaturelle. Comme Laura, le lecteur regarde alors les différentes péripéties à travers le prisme du fantastique. Le personnage est-il atteint d’un mal étrange ou bien les appartements ont-ils réellement une vie à part entière, un caractère aussi ?
    Au fil du roman, le rêve prend donc une place prépondérante, il sort de son carcan et se glisse dans la réalité : le personnage, hanté par ce rêve, arrivera-t-il à ne pas sombrer dans la folie ?

Bluffant et déroutant.

  • Leiloona B.
    Bluffant et déroutant.

    Dans une langue soignée, étirée presque avec de nombreuses accumulations et gradations, Programme sensible est une peinture incarnée de notre quotidien. Se crée et se forme sous nos yeux de lecteur une mythologie du monde moderne, avec ce dieu tout puissant qui ne cesse d’écraser l’homme. L’ordinateur devine alors son utilisateur, tel un dieu omniscient. Il l’observe aussi. Big Brother est de retour.

    Le décalage entre le thème très prosaïque et la musique des phrases permet de donner de l’épaisseur, une certaine force à une histoire qui aurait pu n’être qu’un tableau de la société moderne. Mais l’histoire s’élève, elle prend presque une dimension mythique avec ce google earth que le lecteur ne pourra plus voir du même oeil.

    Les histoires s’imbriquent, se mélangent, semblent danser sur la musique des mots que l’auteur a choisis de façon précise et élégante. Puisant alors ses sources dans les contes comme dans le cinéma, Programme sensible réinvente notre réalité.

    Un roman qui marquera la rentrée littéraire de janvier.