L'un des meilleurs Chalandon. Bouleversant !

  • Eric R. Libraire
    L'un des meilleurs Chalandon. Bouleversant !

    « J’écris pour partager les blessures » déclarait en 2019 Sorj Chalandon. Une phrase, comme un mantra, qui traverse tous les romans de l’écrivain journaliste depuis son premier ouvrage « Le Petit Bonzi ». Partager la douleur de son enfance, dans ses textes autobiographiques quand la violence du père détruit l’amour d’un fils. Partager les blessures des autres comme ses romans irlandais, s’appuyant sur son expérience de journaliste sur place. Partager les blessures des pauvres comme celles des mineurs de « Le jour d’avant », racontant la souffrance des gueules noires lors de la catastrophe des Houillères de 1974.

    Partager les blessures, c’est encore que que fait dans L’Enragé, Sorj Chalandon. Cette fois-ci, il s’agit de blessures infligées à de jeunes « marginaux » internés dans la Colonie pénitentiaire de Belle-Île en Mer, colonie pénitentiaire qui est en fait un véritable bagne pour enfants, petits délinquants, orphelins. Un récit qui se passe dans ces maisons de redressement et donne envie aux lecteurs de serrer les poings, de combattre la nausée qui vient pour refuser les injustices physiques ou morales sur des enfants ou adolescents détruits par la violence des adultes. C’est bien de cela qu’il s’agit ici. En l’occurence le sort d’un petit paysan mayennais, abandonné par sa mère à l’âge de cinq ans, ignoré de son père, et non élevé par des grands parents. Son premier crime: un vol de trois oeufs. Son second: regarder deux frères se venger de la mort injuste de leur famille. Et se retrouver ainsi à treize ans dans cette colonie. Il s’appelle Jules Bonneau, un patronyme qui le place d’emblée dans ces révoltés, ces marginaux, qui font tant peur à cette bonne société des années trente. Un enragé.

    Le Petit Bonzi avait pour défaut majeur, le bégaiement, celui que Chalandon avait lui aussi enfant. Jules Bonneau, dit la Teigne, a comme défaut majeur, l’envie de sauver sa peau, une envie que Chalandon a eu probablement lors des crises de violence de son père. « Tout ce que j’écris, je le vis. Je n’ai pas envie de faire pleurer ou qu’on me plaigne, je veux partager ce que ressent ce gamin » dit Chalandon. Partager à nouveau les blessures occasionnées par l’absence d’amour, l’avilissement d’enfants qui n’ont comme défaut majeur que d’être né du mauvais côté de la société. Dire cette souffrance extrême et entamer la vengeance.

    Le partage des blessures a en effet chez Chalandon, un pendant: celui de la vengeance, de la résistance. On peut appeler cela aussi la Justice. Le besoin de Julien est terrible, à la hauteur des sévices subis. Il répond au sang par le sang. Aux coups par les coups. Mais cette vengeance est un rêve, un exutoire, une manière de quitter la réalité sordide et de s’imaginer, un moment, plus fort, plus aimé que l’on ne l’est en réalité. Comme le héros du Jour d’Avant qui voulait punir les Houillères, Julien va vouloir punir tous ces garde-chiourmes appelés honteusement « moniteurs » , ces petits potentats locaux, ce prêtre qui rêve de Rome. En rêve vraiment? En réalité?

    Comme toujours l’auteur s’appuie sur la réalité, sur des faits. Souhaitant être irréprochable, il part cette fois-ci de recherches personnelles sur cette « colonie » de Belle-Île et notamment d’un article de presse de 1934 qui évoque « l’évasion des vauriens » de la colonie, 55 auraient été repris. Un cinquante sixième n’aurait jamais été retrouvé. Ce cinquante sixième Chalandon le retrouve, lui donne un nom, un surnom, un physique, un caractère. Il sera L’Enragé. Ecrivant au plus près des faits réels, l’auteur glisse ses mots dans les interstices de l’Histoire, il imagine les creux laissés par l’empreinte du temps. Il le fait toujours avec une empathie et un amour des faibles écrasés par les forts, des oubliés comme ces pêcheurs de sardines avec qui l’on partage la marée, le dur labeur mais aussi la connivence du silence et de l’amitié. Il le fait avec la connaissance d’une souffrance intime qui n’a jamais dû le quitter.

    La Teigne dit: « Personne jamais, ne parlera de cette solitude. De cette misère. De l’immensité d’une nuit sans toit lorsqu’on dort sous le ciel. De la rosée du matin, qui perle sur la veste d’un pauvre ». Personne? Si Sorj Chalandon qui, une fois de plus, rend hommage aux opprimés avec un amour gigantesque, plus grand que celui qui leur a été jusqu’alors chichement offert. Et surtout avec les mots justes pour dire cet amour.

Une grande fresque contemporaine

  • Eric R. Libraire
    Une grande fresque contemporaine

    C’est une ombre, ou plutôt une silhouette, qui vous accompagne tout au long de la lecture de ce beau roman. Droite, velue, imposante elle se dresse devant vous pour signifier sa présence vivante. Plus sûrement elle s’impose derrière votre dos, vos épaules, guettant vos réactions, invisible à votre regard, mais omniprésente. L’ourse est la clé de voute de cette histoire. D’abord parce que au coeur de ces Pyrénées elle a longtemps fait figure de symbole, une figure naturelle qui parfois pouvait mener de l’autre côté de l’Atlantique comme ce fut le cas pour Jules à la fin du XIX ème siècle. Muni d’un passeport de dresseur d’ours, de saltimbanque il s’embarque pour Londres, New-York ou Montevideo. On va le suivre par intermittence jusqu’à sa tombe, symbole d’un vieux rapport au vivant. Ensuite, parce que deux cents ans plus tard, l’ourse est revenue, réimplantée par l’homme, suscitant désormais dans les hameaux de la vallée les tensions et les passions.
    Parmi ces habitants du village, deux personnages émergent et vont nous raconter alternativement six mois de transhumance et d’estive. Gaspard, revenu à ses origines entrecoupées d’années citadines, est berger. Il remonte cette année avec plus de huit cents brebis après un drame survenu la saison précédente. Il se doit à lui même de repartir, pour ne pas faire de la montagne et des ours, une peur éternelle.
    Alma, est là depuis moins longtemps. Jeune éthologue, elle a pour objectif d’étudier le comportement des ours et d’apporter des solutions aux éventuelles prédations commises. Entre eux deux, les habitants du village, ceux qui comme la plupart des éleveurs, refusent la réimplantation de l’animal sauvage, ceux qui l’acceptent du bout des lèvres, et ceux qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins. Les tensions s’exacerbent mais ne s’expriment jamais pleinement. Ainsi se crée une forme paradoxale de huis clos dans le plus vaste espace possible, celui de la montagne qui obéit en rechignant aux exigences des hommes et subit le réchauffement climatique.
    L’écriture de Clara Arnaud embrase et embrasse notre monde d’aujourd’hui évitant les clichés et donne à la nature le premier rôle, celui de la beauté empreinte parfois de la violence.

    « Ici, il y a du sang et des tripes, de la beauté, ça va ensemble ! Tu le sais! ».

    Décrivant ce paradoxe éternel, elle écrit un roman qui a la force des montagnes qui se dressent et constituent la toile de fond magnifique d’une histoire où le bien et le mal, le noir et le blanc, se côtoient, se mélangent. A un énorme travail documentaire sur le terrain, se superpose une langue poétique magnifique qui nous emmène sac à dos, sur les chemins pierreux offrant une vue unique sur le mont Calme. On chemine sur les sentiers escarpés, bravant le brouillard ou la canicule, randonneur témoin du climat modifié qui bouleverse la vie et l’instinct des animaux. On partage les préoccupations scientifiques de Alma, l’humanité éternelle de Jean, le berger de 80 ans qui prépare sa mort au pied du vieux hêtre noueux.

    Roman écologiste sans le revendiquer, roman sociétal sans l’écrire, roman amoureux sans le dire, roman documentaire sans le montrer, roman féministe sans le clamer, ce récit est un peu tout cela. Il nous redit comme l’écrit le poète arménien Hovhannès Chiraz, dont un vers donne le titre au roman, que:

    « Eternels nous sommes comme vos montagnes
    Et vous passerez comme des vents fous ».

    Le vent de la folie qui pousse les hommes vers la chute du pierrier, tout en bas, au fond de la combe. Sans plus jamais pouvoir remonter.

Un nouvel inspecteur atypique

  • Eric R. Libraire
    Un nouvel inspecteur atypique

    Après le succès des deux premiers romans de Piergiorgio Pulixi aux éditions Gallmeister, dont le magnifique « L’Ile des Ames », on pouvait s'attendre à ce que l'écrivain italien poursuive ses polars avec ses deux enquêtrices atypiques, Mara Rais et Eva Croce. Prévision erronée car étonnamment le bandeau rouge de couverture annonce qu’il s’agit là de « la première enquête de Vito Strega ».

    Pourtant le patronyme de Vito Strega n’est pas anodin, le lecteur attentif se rappellera que son nom apparait comme criminologue dans le dernier roman paru en France. C’est donc bien lui, à l’évocation jusqu’alors énigmatique, qui va occuper le devant de la scène abandonnée par les deux enquêtrices.

    Original il l’est à sa manière. d’abord par sa prestance et présence physique imposante, qui lui confèrent un charme indéniable auprès des femmes qu’il côtoie. Un mètre quatre vingt quinze et une silhouette qui rappelle Maigret. Tel est ainsi le paradoxe de ce policier, totalement hors normes, mais qui par son originalité apparente rejoint nombre d’enquêteurs, archétypes des dernières décennies. Comme le flic norvégien Harry Hole de Jo Nesbo, il a des méthodes d’investigation atypiques, se heurte à sa hiérarchie, se bat avec des problèmes affectifs et se trouve même suspendu de ses fonctions suite au décès mystérieux de son adjoint. Comme l’américain Harry Bosch de Michael Connelly il a perdu sa mère dans des conditions mystérieuses et s’est retrouvé, sans vocation, dans l’armée. Vito Strega rentre donc de plain pied dans la tradition des policiers romanesques en marge de l’institution, adeptes de méthodes peu orthodoxes et animés d’une volonté sans faille de justice qui trouve son origine dans une enfance chaotique.
    La personnalité du « héros » qui est l’élément essentiel de ces polars contemporains se combine toujours à une enquête principale, fil rouge du roman. Cette fois-ci il s’agit de meurtres d’une violence extrême perpétrée successivement par des adolescent(e)s de quatorze ans, meurtres a priori sans connexions. Sauf pour Vito Strega.
    Contrairement aux enquêtes de Simenon, l’enquête centrale n’est pourtant plus aujourd’hui suffisante et l'autre intérêt majeur des polars actuels, est souvent l’adjonction, en filigrane, d’une intrigue secondaire, accompagnée de personnages annexes presque aussi importants que l’enquêteur. C’est ici essentiellement des femmes qu’il s’agit, de femmes avec qui Vito a du mal à composer une vie affective stable et qui nous disent beaucoup de l’inspecteur suspendu. Teresa Brusca, inspectrice amoureuse mais éconduite de Vito, Marina La Brava, enquêtrice perverse et inquiétante, Cinzia son ex-épouse et Livia la psychologue en charge d’évaluer Vito. Quatre femmes comme quatre regards extérieurs, séduits par cet énorme gaillard si mal dans sa peau.

    Evoquant le mal être de jeunes, Pulixi inscrit cette fois-ci son histoire dans notre société actuelle, délaissant contes et légendes, pour un récit haletant qui ne saurait se limiter au solutionnement d’une intrigue, la plus diabolique qui soit. Habile narrateur, il pousse le lecteur à avancer rapidement vers la fin de l’ouvrage, lui donnant envie de mieux connaitre encore ce Vito Strega, dont il s’agit de la première enquête. Première et peut être dernière. Qui sait?

Du grand art

  • Eric R. Libraire
    Du grand art

    Avec Jean-Baptiste Andrea tout commence par la fin, ou tout semble commencer par la fin. Une machine à remonter le temps. Dans son magnifique précédent roman « Des diables et des saints », un homme joue du piano dans les gares. Son histoire a commencé cinquante ans plus tôt dans un orphelinat de montagne. Dans « Veiller sur elle », un homme se meurt, là aussi en haut d’une montagne, dans le Piémont. Son histoire a commencé il y a 82 ans, en 1904. C’est la fin mais lui aussi a une histoire, une histoire extraordinaire à raconter, celle de sa vie. Avant de perdre son dernier souffle il se souvient.

    Il pourrait s’appeler Roméo et elle Juliette mais ce serait trop simple. Et un peu cliché. Elle se nomme Viola. Elle est une fille Orsini, la famille noble du village sur le plateau de Pietra d’Alba. Lui, qui est alors jeune et bien vivant, a pour prénom, Mimo. Mimo Vitaliani.

    « Ce sera toujours toi et moi, Mimo et Viola. Mimo qui sculpte, et Viola qui vole »

    Viola, vole ou essaie de voler. De voler dans les airs comme de voler de ses propres ailes dans une société où il est difficile d’être femme. Surdouée, elle appréhende le monde à l’aune de ses connaissances exceptionnelles acquises dans les livres. Indépendante, fière, elle rêve d’un siècle nouveau où les femmes auraient leur juste place.

    Mimo sculpte. Fils d’un sculpteur en France, il va exercer son métier, qui deviendra son art en Italie, rejetant le nom de Francese et de ses origines. C’est son histoire qu’il nous raconte sur son lit de mort, une existence qui va le mener d’un oncle alcoolique, censé être son tuteur, à des ateliers à Florence ou à Rome, sans oublier le passage par un cirque. Elle se mêle à l’histoire de l’Italie, et à la montée du fascisme. On oublie pourtant, souvent le contexte de l’époque pour lire une histoire plus ancienne, celle de la Renaissance italienne et de la fin du XVI ème siècle tant le périple de Mimo nous renvoie aux frasques du Caravage dans les bouges romains ou florentins. On voyage dans les ateliers dans lesquels rien ne semble avoir changé depuis des siècles et il faut l’évocation des chemises brunes pour comprendre que le temps a effectivement passé.

    C’est qu’il est question d’art, de tableaux de Fra Angelico, ou de sculptures de Michel Ange. De chefs d’œuvre aussi, ces statues qui font pleurer, rire, qui rendent malades ou heureux parce qu’elles possèdent un secret, celui du génie de leur créateur. La sculpture ultime de Mimo est tellement exceptionnelle qu’elle doit être protégée, mise à l’écart du monde car potentiellement dangereuse. Le sujet est pourtant classique, sans crime apparent: une Pietà, cette représentation de Marie tenant son fils Jésus-Christ sur ses genoux. Une mère aimante et son fils mort. Rien de plus. Rien de moins.

    Avec ce voyage dans le temps de près d’un siècle dans l’Italie en convulsions, Jean-Baptiste Andrea écrit un roman ample, gigantesque, généreux, entre deux guerres, entre deux mondes, celui des humbles, celui des riches. Deux mondes appelés à ne pas se rencontrer mais que Mino et Viola vont réunir, en tentant de s’apprivoiser l’un et l’autre. Fresque historique, roman d’amour, « Veiller sur elle » est aussi un hymne magnifique à la création. La beauté est là dans le bloc de marbre. La sculpture existe déjà, l’artiste a un seul devoir: l’extraire de la pierre, la ressortir en y touchant le moins possible, comme l’écrivain doit laisser la plume glisser sur le papier, le plus simplement du monde. Pour laisser la poésie des mots pénétrer les interstices d'un récit initiatique aux multiples facettes.

    Jean-Baptiste Andrea nous a emmené avec lui, accompagné des thèmes qui lui sont chers et commencent à former une oeuvre: religion et clergé, montagnes et paysages, poésie des lieux et vilenie des hommes. Et le Secret, celui qu’un musicien de gare avait en lui, celui que Mino à dissimuler dans sa Pietà. Secret d’un chef d’oeuvre ou secret d’une vie? Allez savoir.

UNE BD DOCUMENTAIRE LUDIQUE ET INSTRUCTIVE

  • Eric R. Libraire
    UNE BD DOCUMENTAIRE LUDIQUE ET INSTRUCTIVE

    Au commencement il y eut un documentaire sur France 2 « Histoires d’une Nation » de Françoise Davisse et Carl Aderhold. Quatre épisodes pour raconter la naissance de la nation française depuis 1870 « sous un jour différent, en y intégrant la participation des immigrés ». La Nation proclamée et revendiquée par la Révolution Française, n’existe pas réellement quand éclate la guerre de 1870. Clivée, scindée elle n’est en fait composée que d’étrangers, ceux-ci se définissant comme tous les individus ne faisant pas partie de la bourgeoisie dominante. Bretons, auvergnats, ouvriers sont ainsi des étrangers. La III ème République naissante sur les décombres d’un pays affaibli par ses divisions prend conscience de la nécessité d’une unité nationale. Commence ainsi le « Roman national », oeuvre fictive, faite pour agréger la nation, entité unie capable de lutter contre d’éventuels ennemis extérieurs. Nos ancêtres les Gaulois, l’école obligatoire pour tous, le Français contre les langues régionales, la Laïcité, se mettent en place et constituent encore aujourd’hui des socles de notre unité.

    « Q’est ce qu’être Français ?» devient ainsi un leitmotiv qui traverse le siècle et demi d’histoire nationale qui nous est narrée ici avec un prolongement tacite à cette question: « qui sont ceux que l’on va qualifier d’étrangers ? ». On découvre au fil du récit chronologique, raconté ici comme une histoire, que ces définitions de français et d’étrangers vont changer régulièrement selon les besoins de l’Etat. Nécessités ou non de main d’oeuvre, taux de natalité suffisant ou pas, vont guider les gouvernements successifs à encourager, ou pas ,la venue sur le territoire hexagonal de populations étrangères. Ainsi les conditions d’attribution de la nationalité française vont varier du « droit du sol » au « droit du sang », et inversement, le tout caché derrière un vernis idéologique opportuniste qui dissimule souvent des nécessités économiques.

    A la prise en considération économique et démographique de cette main d’oeuvre étrangère, s’ajoute un troisième facteur, politique et idéologique: la haine de l’immigré et son corollaire immédiat, le racisme. C’est le mythe de la France Eternelle inventé artificiellement à la fin du XIX ème siècle qui ressurgit utilement pour justifier le repli de la nation sur elle même. Elles s’accompagne parfois de fumeuses théories scientifiques faites pour justifier le racisme. Sébastien Vassant par des intermèdes instructifs, rappelle ces idéologies nauséeuses et leurs porte-paroles historiques.

    « L’ étranger », change lui aussi fréquemment. Fini le breton et Bécassine, c’est désormais l’allemand, honni, qui sert de point de départ au fondement du nationalisme, auquel succéderont le « macaroni, le « Polack", l'espagnol,
    l'arabe.

    A ce récit historique, le dessinateur ajoute quelques courts témoignages de personnalités ou d’anonymes, montre par des détails de la vie quotidienne que la France se construit chaque jour en amalgamant des idées et des individus différents. Il personnalise ainsi un récit global historique et lui donne une touche humaniste importante.

    Un quart de la population française actuelle trouve ses racines dans les pays étrangers, ce que la Bd précise utilement en citant nombre de personnalités de tous ordres d’origine étrangère de Marie Curie en passant par Yves Montand Georges Charpak ou Robert Badinter. Malgré cela, à chaque fait divers, à chaque élection, l’immigration devient un sujet majeur. La lecture plaisante de cet ouvrage didactique, rappelle pourtant combien ces flux migratoires sont souvent au départ désirés et encouragés avant de devenir encombrants quand l’économie n’en a plus besoin. On voudrait gérer la vie d’hommes et de femmes, comme des marchandises. Quitte parfois à ce cacher les yeux ou à laisser s’exercer la haine de ce qui n’est pas soi.