Clara

Branko débarque un soir au volent de son camion dans un campement de Rom. Lui, le hongrois, il transporte dans ses cartons un cirque, vestiges et souvenirs de la vie de son grand-père. Mal accueilli par les adultes, les enfants papillonnent autour de lui, curieux d’apprendre l’histoire de ce cirque le Kék Cirkusz. Le chef du campement veut que Branko se débarrasse de ses cartons. Un cirque ? Comme s’ils en avaient besoin eux qui survivent parmi les ordures dans leurs baraques de misère. Les enfants vont l’aider à le cacher. Avec ses propres mots, teintés de regrets ou d’espoir, il va leur raconter la vie de son grand-père Nap apó et remonter le cours de l’histoire : trahison, déportation des Roms pendant la seconde guerre mondiale, vengeance, un passé que certains veulent oublier. Son récit s’inscrit dans un décor peu reluisant : le quotidien de ces hommes et de ces femmes.

Parler de vie serait indécent. Sans fioritures, ce livre nous plonge dans les conditions d’existence des Roms. Eux qui ne gardent comme trace de leur pays d’origine que leur langue et des souvenirs.
L’auteure met le doigt là où ça fait mal dans notre beau monde. Bien plus que la transmission des souvenirs par la parole, une question est posée. Que réserve t’on comme avenir à ces gens déracinés depuis bien longtemps ?

Ce n’est pas un coup de cœur , j’ai trouvé la construction un peu embrouillée, mais cette lecture m’a interpellée.

Isabelle S.

« C’est ainsi qu’est faite la vie d’un homme.
Elle est faite le temps d’une seule image.
Cinq enfants en cercle. Ils écoutent. Ils écoutent quelqu’un raconter une histoire. »

Étranger parmi les étrangers, Branko le Hongrois n’est pas le bienvenu dans le campement où il arrive un soir de brouillard au volant d’un camion contenant tout son bien, un cirque entassé dans dix gros cartons. Il devient vite l’ami des enfants qui, d’abord méfiants, puis cédant à la curiosité, l’exhortent à raconter son histoire, l’histoire du Kék Circkusz.
Sur ce terrain vague boueux, au milieu de vieux pneus et de bidons rouillés, à l’abri du linge étendu, Branko déroule le fil de ses souvenirs : son grand-père Nap apó, les chemins et les routes, les foires, son père et ses silences, László le magicien. Il dit aussi, en hésitant parfois par peur que cela ne soit trop lourd pour de si frêles épaules, l’histoire qu’il veut « arracher à l’obscurité dans laquelle elle pourrait tomber », celle que les plus grands ne veulent pas entendre, celle des persécutions contre les Roms et de leur déportation.
Dans ce lieu misérable, sans passé, sans avenir, les mots de Branko font naître des images merveilleuses, donnent vie à des êtres libres et courageux ; ils réveillent aussi des drames, des trahisons, des vengeances.