sandrine57

Encore une fois, Einar est à la croisée des chemins. Doit-il accepter le poste de directeur de la rédaction du Journal du soir ? Ou alors lui faut-il quitter l'Islande pour rejoindre Margret, son ancienne maîtresse recherchée par Interpol ? Avant de prendre sa décision, le journaliste décide de se lancer dans une dernière enquête : la disparition d'une lycéenne qui lui rappelle sa petite Gunnsa au même âge. Margret lui a laissé treize jours de réflexion, c'est donc dans ce délai qu'il va devoir trouver ce qui est arrivé à Klara Osk, une jeune islandaise comme tant d'autres, en manque de repères, tentée par l'argent facile, la fête, l'alcool, la drogue, une fille perdue dont il a retrouvé le corps, violé, profané et dont maintenant il veut trouver le meurtrier. Treize jours pour résoudre un crime, treize jours pour se choisir un avenir...

Est-ce parce que la société islandaise s'enlise dans la crise financière, la xénophobie, le pourrissement des relations familiales et sociales, mais depuis "L'ombre des chats", les enquêtes d'Einar sont plus sombres et l'humour se fait plus rare. À la décharge de Thorarinsson, cette affaire est particulièrement sordide puisqu'elle touche la jeunesse ; une jeunesse déboussolée, des parents démissionnaires, des familles qui se délitent, de mauvaises rencontres, des fugues, la drogue et la prostitution. Des exploités et ceux qui s'enrichissent à leurs dépens... Einar est toujours aussi pugnace même si sa fille Gunnsa lui vole parfois la vedette. Photographe au "Journal du soir", elle mène de front des études universitaires et une carrière de journaliste débutante. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle est la digne fille de son père : obstinée et prête à tout pour approcher la vérité et la justice. De quoi faire réfléchir Einar qui pourrait se sentir pousser vers la sortie par la fougueuse jeune génération.
Au final, Treize jours reste un bon cru. Même si Einar a perdu de son mordant, l'arrivée de Gunnsa au journal apporte la nécessaire dose de fraîcheur et de spontanéité. Et la fin ouverte du roman donne bien sûr très envie de retrouver tout ce petit monde au "Journal du soir" ou ailleurs...