Am Fred B.
Tromper les yeux, ouvrir des espaces

Comme d'hab, façon cow-boy sentimental, Maylis de Kerangal enfonce la porte d'une vie, d'un personnage et d'un métier, et fait circuler un grand courant d'air. Paula Karst quitte le cocon familial et va étudier la peinture du trompe-l’œil à Bruxelles. Elle entre peu à peu dans ce corps d'adulte, d'ouvrier, d'artisan, d'artiste et de femme, avec l'énergie, la passion, les doutes et les rebonds de la phrase. L'écrivaine doit peut-être à sa formation de géographe le goût d'ouvrir les espaces entre l'intime et le monde, le présent et le passé, le technique et le poétique. C'est une langue en mouvement, en quatre dimensions, qui saute les obstacles, tire des perspectives, trace des tangentes. Plus que la question de l'illusion, c'est celle de l’œuvre d'art qui court ici, à ouvrir des au-delà, des vies parallèles à imaginer, plus riches, plus vraies, plus fortes.

Anne-Marie