Joseph Ponthus nous immerge dans le quotidien décalé des intérimaires en usine. Entre témoignage, chant, poème et étude sociale le texte de Joseph Ponthus se lit d'une traite comme on écoute un disque. Pas de résignation aveugle ni d'abdication, juste une sincère prise de parole.
Un texte qui résonne, à lire à haute voix : emparez-vous-en sans attendre !
Travailleur social, l'auteur entre à l'usine pour gagner sa vie. L'ennui, les nuits, les quarts, en tableaux du quotidien : les mains plongées dans les crevettes gelées, la découverte des langoustines, le test de l'égouttage du tofu, l'abattoir, la tête de veau que l'on essaie de trouver rigolo, la vache réduite à sa viande, les doigts coupés, les corps meurtris, les pauses truquées, les potes, les clopes, le management, la manipulation, la délocalisation.
C'est là que le poème offre une fuite à la ligne de production : par la réminiscence et l'invention, il transforme l'ennui en fantaisie, le désespoir en rire, la banalité en dignité, la solitude en fraternité. Pratique de la pirouette en chambre froide.
Anne-Marie